(Drummondville) Le Parti libéral du Québec (PLQ) veut doter la province d’une « constitution libérale », a résumé samedi le chef par intérim Marc Tanguay. Selon lui, une « super-loi » de ce genre protégerait le Québec des « mauvaises décisions péquistes-caquistes », a-t-il dit en référence aux droits de scolarité que le gouvernement Legault veut doubler pour les étudiants étrangers ou d’autres provinces qui fréquentent les universités anglophones.

« Nous, ce n’est pas une constitution péquiste-caquiste qu’on va proposer, c’est une constitution libérale », a dit M. Tanguay en marge du conseil général du PLQ à Drummondville. Près de 400 militants libéraux débattent ce week-end de la relance du parti, qui confirmera ce dimanche les règles de sa prochaine course à la direction pour élire un nouveau chef au printemps 2025.

Plus tôt cette semaine, le Comité de consultation et de réflexion sur la relance du PLQ, coprésidé par la députée Madwa-Nika Cadet et l’ex-sénateur André Pratte, a déposé une série de propositions, dont celle de doter le Québec d’une constitution qui serait « une assise indispensable en vue d’assurer la vitalité culturelle et linguistique du Québec, et son poids politique ».

Ce document fondamental aurait pour effet d’affirmer « l’existence du Québec comme nation au sein de la fédération canadienne, le statut du français comme langue officielle et langue commune, les droits et libertés fondamentales des Québécois et l’apport des communautés culturelles », a déclaré le comité. Il confirmerait aussi les droits existants de la communauté anglophone à des services d’éducation et de santé en anglais et au contrôle de leurs institutions.

Pour Marc Tanguay, « une constitution à saveur libérale, c’est une constitution qui ne va pas diviser les Québécois [et] qui ne va pas priver certains groupes de Québécois de leurs droits », a-t-il dit.

« Elle viendrait nous aider, peut-être, à diminuer l’impact que pourraient avoir de mauvaises décisions péquistes-caquistes », a ajouté le chef par intérim. M. Tanguay n’a par ailleurs pas expliqué comment il rallierait les citoyens qui appuient les politiques des autres formations politiques à sa proposition de constitution.

Pour le leader parlementaire du parti, Monsef Derraji, il s’agit d’une « occasion en or de rallier tout le monde, peu importe qu’on soit francophone, anglophone ou allophone, qu’on vienne d’arriver il y a une semaine ou quatre cents ans ».

Une « attaque » contre les anglophones

L’annonce effectuée plus tôt cette semaine par le gouvernement Legault, qui veut doubler les droits de scolarité des étudiants étrangers ou d’autres provinces canadiennes qui fréquentent une université anglophone, suscite les passions chez les libéraux.

« Clairement, François Legault, on voit son côté péquiste qui ressort. […] C’est un péquiste qui aime ça diviser, qui a basé sa carrière politique et son élection en divisant les Québécois », a tonné le chef Marc Tanguay.

Quelques minutes plus tôt, le militant Antoine Dionne Charest, qui était membre du comité de relance, a martelé que le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) causait des torts « irréparables » aux institutions québécoises que sont les universités anglophones.

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Le militant libéral Antoine Dionne Charest

« On dirait un gouvernement séparatiste », a-t-il dit. Selon lui, doubler les droits de scolarité de certains étudiants des universités anglophones « est une attaque frontale » contre les Québécois d’expression anglaise. M. Dionne Charest les invite à passer « à l’offensive ». Il n’exclut pas de se présenter pour devenir député lors du prochain scrutin général, en 2026.

« On est en train de faire un dommage irréparable aux institutions québécoises. […] On peut faire beaucoup mieux que la CAQ sans stigmatiser certains Québécois, sans restreindre les libertés indûment des Québécois. On peut faire beaucoup mieux », a-t-il affirmé.

La relance, puis la course

Pour M. Dionne Charest, le comité de relance du parti met les bases pour la prochaine course à la direction. « On ne peut pas demander à un chef de se lancer sans mettre de l’eau dans la piscine. […] On vient aujourd’hui de jeter les bases de la reconstruction du parti », a-t-il dit. Le prochain chef libéral ne sera pas contraint de respecter les propositions énoncées dans le rapport.

La seule personne qui a confirmé à ce jour son intérêt pour la course est le député Frédéric Beauchemin. Ce dernier a été exclu du caucus libéral au cours des derniers jours, le temps d’une l’enquête sur une plainte pour harcèlement psychologique déposée contre lui et son équipe de militants par Élyse Moisan, présidente de la commission jeunesse et recherchiste du parti au Parlement.

L’élu de la circonscription de Marguerite-Bourgeoys était malgré tout présent samedi à Drummondville.

Devait-il rester à la maison et éviter de participer au conseil général du parti, alors que la personne qui a déposé une plainte contre lui auprès du parti et de la whip de l’opposition officielle devait être présente à l’évènement ? « La démocratie fait en sorte qu’on a le droit d’être présent », a-t-il répondu.

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Le député Frédéric Beauchemin

« Il y a un processus qui est en place de médiation. La médiation est en cours. Tout va bien aller et tous vont pouvoir sortir gagnants de ce processus », a dit M. Beauchemin, entouré de ses partisans.

Ce dimanche, le Parti libéral confirmera les règles qui encadreront sa prochaine course à la direction. M. Beauchemin, qui était partisan d’une campagne hâtive, ne verra pas ses vœux exaucés. Les libéraux tiendront plutôt une course qui culminera vers l’élection d’un chef au printemps 2025. Les personnes qui se lanceront devront faire un dépôt de 40 000 $ et leurs dépenses de campagne seront plafonnées à 400 000 $.

Avec La Presse Canadienne