(Drummondville) La décision du Parti libéral du Québec (PLQ) d’élire son prochain chef au printemps 2025 divise les militants libéraux. Les partisans d’une course hâtive ou tardive s’entendent sur un point : un couronnement serait le pire scénario pour la relance de leur formation politique.

Ce qu’il faut savoir

Près de 400 militants libéraux étaient rassemblés lors du week-end à Drummondville à l’occasion du conseil général du Parti libéral du Québec.

Le parti a pris la décision d’élire son prochain chef au printemps 2025, soit dans près d’un an et demi, suscitant une certaine discorde à l’interne.

La plupart des militants s’entendent toutefois sur un point : la pluralité des candidats aspirant au titre de chef du parti sera primordiale.

Au conseil général du parti ce week-end à Drummondville, l’annonce des règles encadrant la course à la direction, qui culminera sur un congrès dans la région de Québec, a provoqué des débats houleux.

« Nos associations [et] les bases sont scrappées. Il y en a plusieurs qui ne fonctionnent pas pantoute. Le prochain chef aura un gros travail à faire pour rebâtir tout ça », a affirmé le militant Paul-Eugène Grenon, qui espérait une course dès 2024.

Afin de se présenter pour devenir le prochain chef libéral, les candidats devront récolter les signatures de 750 membres en règle, provenant d’au moins 70 circonscriptions et de 12 régions, incluant 350 nouveaux membres.

Les aspirants au titre de chef devront également effectuer un dépôt au parti de 40 000 $. Les dépenses électorales seront limitées à 400 000 $.

Le président du comité électoral du PLQ, Nicolas Plourde, a expliqué qu’une course plus rapide que tardive « serait susceptible […] de dissuader plusieurs candidats de se présenter ». Selon lui, ce facteur a été crucial pour le conseil exécutif, qui a finalement tranché pour l’élection d’un chef en 2025.

Ne pas attendre « un messie »

Aux micros, dimanche, les militants ont été nombreux à dénoncer ce choix. « Au Parti libéral, on ne peut pas se permettre […] d’attendre un messie », a dit la jeune militante Maïa Gonthier, qui appuie le député Frédéric Beauchemin afin qu’il devienne chef.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Le député libéral Frédéric Beauchemin

L’élu de la circonscription de Marguerite-Bourgeoys a récemment été exclu du caucus libéral le temps d’une enquête sur une plainte pour harcèlement psychologique déposée contre lui et son équipe de militants par Élyse Moisan, présidente de la commission jeunesse et recherchiste du parti au Parlement. Même s’il était partisan d’une course hâtive, M. Beauchemin a assuré que la décision prise par le parti « ne changera pas [son] plan de match ».

L’ancienne ministre Lucie Charlebois a plus tard appelé les partisans de Frédéric Beauchemin, qui ont suivi le député dans tous ses déplacements ce week-end à Drummondville, à respecter le choix du parti et à laisser du temps à d’autres candidats pour se présenter.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

La militante libérale et ex-ministre Lucie Charlebois

« Mobilisons-nous, gang ! Arrêtons de nous tirer dans les genoux ! […] Mettons notre parti sur la ligne de départ et quand arrivera l’élection, on va être là et on va la gagner ! », a-t-elle dit, ce qui a engendré des applaudissements nourris.

En point de presse, le chef par intérim Marc Tanguay a affirmé qu’il reviendrait au comité électoral d’accepter ou de refuser les candidatures d’aspirants chefs, ce qui inclut celle qui est probable de M. Beauchemin. Sa réintégration au caucus dépendra par ailleurs du résultat des enquêtes menées par le parti et par l’Assemblée nationale à son sujet.

Pourrait-il être candidat sans avoir réintégré le caucus des députés ? Les règles actuelles laissent aux dirigeants du parti toute la latitude pour régler la question.

Derraji pourrait reconsidérer son choix

En mêlée de presse, dans les corridors du congrès, le leader parlementaire du Parti libéral au Parlement, Monsef Derraji, a laissé entendre qu’il pourrait reconsidérer sa décision de ne pas se lancer dans la course s’il n’y a pas plusieurs candidats.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Le député libéral Monsef Derraji

Ce que je ne voulais pas et ce que je ne veux pas, c’est un couronnement. Un couronnement, ça veut dire une seule chose : on ne va pas être la vraie alternative à la CAQ en 2026.

Monsef Derraji, député libéral

André Fortin, qui a lui aussi renoncé à se lancer dans la course, a pour sa part confirmé qu’il serait très actif au cours des prochaines semaines pour solliciter des aspirants chefs à se présenter dans la course.

« C’est important d’utiliser nos réseaux, de voir qui peut être intéressé par une course à la chefferie. Moi, ça va faire partie de mes actions dans les prochaines semaines et dans les prochains mois », a-t-il dit.

Du temps pour se reconstruire

William Baril, conseiller politique de Frédéric Beauchemin et vice-président de l’aile jeunesse libérale, s’est dit « déçu que les membres ne soient pas écoutés ». Selon lui, « sans chef, sans course et sans débat d’idées » à court terme, « le parti semble naviguer vers une direction qui n’est pas nécessairement claire ».

Au plus bas dans les sondages et après une défaite cuisante lors de la dernière élection partielle dans leur ancien château fort de Jean-Talon, les libéraux sont conscients de leurs défis.

« Je ne sais pas si les gens le savent, mais ça ne se bouscule pas vraiment pour devenir chef du Parti libéral », a constaté le militant Vincent Lacroix. Pour lui, une course en 2025 permettrait à la formation politique de recruter de nouveaux membres et de se reconstruire. Le PLQ compte à ce jour entre 15 000 et 20 000 membres, a confirmé le président du parti, Rafael Primeau Ferraro.