Une histoire « horrible ». Un système « défaillant à tout égard ». La députée libérale Brigitte Garceau ne mâche pas ses mots en réaction à un dossier de La Presse sur le cas troublant d’une enfant de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ). L’opposition officielle demande la tenue d’une enquête sur la détention de cette fillette de 11 ans et reproche au gouvernement Legault de tarder à nommer un commissaire pour les droits des enfants.

« On a besoin d’un chien de garde pour être la voix des enfants. On se retrouve dans une situation où les droits des enfants sont lésés. Au Québec, il faut faire quelque chose pour protéger nos enfants », affirme en entrevue Brigitte Garceau, porte-parole de l’opposition officielle pour la protection de la jeunesse.

La commission Laurent (qui découle de la mort de la fillette de Granby) avait recommandé en 2021 de créer un poste de commissaire au bien-être et aux droits des enfants. Or, le poste n’a toujours pas été créé.

Dans un dossier publié mardi, La Presse a mis en lumière le cas d’Ève, une fillette particulièrement explosive prise en charge par la protection de la jeunesse. Sous la garde de la DPJ, Ève a été agressée sexuellement par un autre jeune et s’est retrouvée dans la cellule d’un poste de police à seulement 11 ans.

« Nous avons posé des questions quant aux faits allégués ce matin dans l’article de La Presse car ceux-ci sont inquiétants. Le ministère procède présentement à des vérifications », a commenté mardi soir Lambert Drainville, attaché de presse de Lionel Carmant, ministre responsable des Services sociaux.

Un « manque d’action »

« Il y en a combien d’Ève dans notre système ? », se demande la députée Brigitte Garceau.

« Quand on regarde l’histoire d’Ève, une fille de 10, 11 ans. On voit que ça a pris au-delà de un an pour avoir un suivi psychologique suite à une agression sexuelle qui a été banalisée par la DPJ, et qui n’a pas été prise au sérieux. C’est ça qui m’a interpellée. C’est le manque d’action et le fait de banaliser les conséquences d’un acte de violence envers une jeune fille », soutient la porte-parole de l’opposition officielle.

En février dernier, Ève a été détenue pendant 45 minutes dans la cellule d’un poste de police de Saint-Jérôme après s’être enfuie de ses intervenants de la DPJ. Les policiers l’ont placée en cellule en attendant que la DPJ vienne la récupérer. Une décision qui a outré le professeur Alain Roy, référence en droit des enfants.

Je partage complètement son sentiment. On lit ça. Et on est sans mot. Parce que la situation, elle est horrible. On ne peut même pas imaginer que ça a été fait ainsi. Tout ce qu’elle a vécu depuis un an, c’est inimaginable.

Brigitte Garceau, députée libérale et porte-parole de l’opposition officielle pour la protection de la jeunesse

Le gouvernement devrait ainsi lancer une enquête pour faire la lumière sur la détention de cette enfant, selon Mme Garceau.

Dans notre dossier, les parents d’Ève se disent désemparés par le système et se demandent comment faire pour avoir l’espoir de récupérer leur fille. Ils reprochent à la DPJ de ne pas leur offrir d’aide à cet effet. Ils voient Ève seulement une fois par semaine, sous supervision.

« Ce sont des conditions extrêmement difficiles pour la reprise de la relation parent-enfant. Notre système doit changer. Notre système doit prioriser l’intérêt des enfants. En ce moment, ce n’est pas ça qu’on est en train de faire », soutient la députée libérale.