Le ministre fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marc Miller, a refusé de dire, mercredi, s’il considère que le français est en déclin au Québec, préférant plutôt affirmer que la seule langue officielle de la province est menacée.

Le ministre, qui est député d’une circonscription montréalaise, a été talonné par le conservateur Joël Godin et le bloquiste Mario Beaulieu en comité permanent des langues officielles. M. Miller était venu témoigner sur l’immigration francophone au Canada.

Les deux porte-parole en matière de langues officielles pour leur parti respectif ont questionné M. Miller sur l’état du français au pays.

« Quand on regarde les gens qui parlent français, que ce soit à l’intérieur du Québec ou hors du Québec, le français est menacé dans une mer d’anglais […] Je suis totalement d’accord que le français est menacé en Amérique du Nord », a d’abord répondu le ministre à M. Godin.

Celui-ci venait d’interroger M. Miller à savoir s’il reconnaissait que « la démographie des francophones est en déclin partout au Canada, incluant le Québec ».

Jugeant la réponse du ministre évasive, M. Beaulieu est revenu à la charge lui demandant s’il considère « qu’il y a un déclin du français au Québec ».

« C’est clair que le français est menacé au Québec […] C’est clair, net et précis », a déclaré M. Miller, avant de mentionner que le gouvernement québécois a fait des efforts pour renforcer le fait français au fil des décennies.

« Mais il y a toujours cette menace qui guette de par le fait que le Québec, de façon géographique, se situe en Amérique du Nord », a-t-il ajouté.

M. Beaulieu a souligné que le français recule sur plusieurs plans dans la province, principalement à Montréal, notamment en termes de langue maternelle, de langue d’usage à la maison et au travail.

« Il y a beaucoup plus d’anglais selon tous ces indicateurs-là à Montréal, donc, il y a un déclin du français au Québec. Mais vous ne semblez pas vouloir l’admettre comme tel », a affirmé le député du Bloc, qui a reproché au ministre de jouer sur les mots.

Statistique Canada confirme à répétition la tendance que suit le français au Québec. Les plus récentes données du recensement indiquaient que le français poursuit encore son déclin au Québec et dans le reste du pays. Le pourcentage de Québécois parlant principalement cette langue à la maison est passé de 79 % à 77,5 % entre 2016 et 2021.

Des projections publiées en mars par l’Office québécois de la langue française révèlent également que, comme langue d’usage à la maison, le poids du français va diminuer sans cesse au cours des prochaines années, au profit de l’anglais

M. Miller a reconnu que « le français doit être préservé et vitalisé au Québec ».

« Si on n’admet pas que le français est en déclin, c’est difficile de prendre les moyens pour le contrer », a cependant rétorqué M. Beaulieu.

Ce n’est pas la première fois que des députés montréalais du Parti libéral du Canada restent muets sur le déclin du français au Québec.

Ce fut le cas en juin dernier avec la nouvelle députée libérale de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount, Anna Gainey, qui a refusé mordicus de s’avancer sur ce terrain face aux questions persistantes de la presse parlementaire sur le sujet.

Au cours des dernières années, la députée libérale de Saint-Laurent, Emmanuella Lambropoulos, avait été forcée de démissionner du comité des langues officielles après avoir nié le déclin du français au Québec.

Avec les informations de Michel Saba de La Presse Canadienne