Encouragés par des sondages favorables, gonflés à bloc par le discours de leur chef Pierre Poilievre vendredi soir, les délégués conservateurs ont clos leur congrès national samedi à Québec en adoptant une série de résolutions qui sont le reflet de l’ADN de leur formation politique. Mais il n’y a aucune garantie que Pierre Poilievre va les inclure dans le programme électoral du Parti conservateur. Il a déjà fait savoir qu’il n’était pas tenu d’en tenir compte. Tour d’horizon.

(Québec) Transition de genre des mineurs

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Manifestation pour affirmer les droits des personnes trans et non binaires, à Montréal, début août

Par une forte majorité de 69,2 %, les délégués conservateurs ont adopté une résolution visant à encadrer les transitions de genre des mineurs de moins de 18 ans. Ainsi, un gouvernement conservateur interdirait les interventions médicales ou chirurgicales « qui changent la vie des mineurs pour traiter la confusion ou la dysphorie de genre ». La résolution a donné lieu à quelques échanges musclés. « Le Canada nous regarde », a lancé un délégué qui invitait ses pairs à rejeter la résolution qui, de toute façon, concerne un dossier qui relève de la compétence des provinces. Mais une autre déléguée a insisté pour dire qu’il était crucial de « protéger nos enfants ».

Mettre fin à la politique de discrimination positive

Une autre résolution qui a soulevé les passions visait à mettre fin à la politique de discrimination positive dans le financement des chaires de recherche. Elle a été adoptée à une écrasante majorité : 94,6 %. Un délégué a plaidé en faveur de son adoption en affirmant qu’il était urgent de « sortir l’idéologie woke de la politique ». Dans la même veine, les délégués ont adopté une résolution pour interdire les ateliers sur l’inclusion, la diversité et l’équité, qui a reçu un appui massif de 81,5 %.

Modifier la Loi canadienne sur la santé

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Les délégués conservateurs estiment que les soins palliatifs doivent être reconnus « comme un droit séparé et distinct pour tous les Canadiens ».

Les délégués conservateurs estiment qu’il faut renforcer la Loi canadienne sur la santé pour y inclure un nouvel élément : les soins palliatifs. Selon eux, les soins palliatifs doivent être reconnus « comme un droit séparé et distinct pour tous les Canadiens ». Cette résolution a été adoptée par un vote de 69 % en faveur. On y propose aussi d’élaborer de concert avec les provinces une stratégie nationale sur les soins palliatifs et d’adopter une loi appropriée pour offrir un accès rapide et équitable à ces services.

Abolir la Loi sur les nouvelles en ligne

Sans surprise, les délégués conservateurs, à une forte majorité (95,2 %), réclament l’abolition de la Loi sur les nouvelles en ligne. Cette loi (C-18) a été adoptée en juin par le gouvernement Trudeau et oblige les géants numériques à verser une redevance aux médias canadiens s’ils partagent les nouvelles qu’ils produisent sur leurs plateformes. Cette loi a donné lieu à un bras de fer entre les géants du web et le gouvernement fédéral. En guise de protestation, Meta a décidé le 1er août de bloquer l’accès aux nouvelles au Canada. Google, qui s’oppose aussi à cette loi, songe également à le faire. Pierre Poilievre a déjà promis d’abolir la loi, considérée par ses délégués comme « une atteinte à la liberté d’expression ».

Tous les surplus consacrés à la dette

Les budgets déficitaires du gouvernement Trudeau ont fait l’objet de maintes critiques durant le congrès. Les délégués conservateurs ont tenu à réaffirmer leurs convictions en matière de rigueur budgétaire. Résultat : ils veulent qu’un futur gouvernement conservateur consacre la totalité des surplus à venir au remboursement de la dette. « Nous sommes en faveur de l’adoption d’un plan de remboursement de la dette en vertu duquel la majeure partie de l’excédent budgétaire sera allouée au remboursement de la dette afin d’atteindre un ratio de dette/PIB à la baisse », peut-on lire dans la résolution adoptée par un vote de 91,4 %.

Le pétrole et le gaz ont toujours la cote

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La raffinerie de la pétrolière Suncor, dans l’est de Montréal

Un gouvernement conservateur devra soutenir « l’utilisation continue du pétrole et du gaz » tout en encourageant la recherche et le développement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, ont tranché les délégués conservateurs. Mais cela ne devrait pas exclure d’autres options « fiables et économiques », comme la technologie de captage du carbone, le stockage sur batterie, les petits réacteurs modulaires et la production d’électricité à base d’hydrogène.

La ligne dure envers la Chine

En plus de réclamer la création d’un registre des agents étrangers, les délégués conservateurs donnent le mandat à un futur gouvernement Poilievre d’adopter la ligne dure envers la Chine en raison de son comportement « antagoniste ». On va jusqu’à réclamer le retrait de la Chine de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) jusqu’à ce que Pékin mette en œuvre « des réformes économiques équitables ». « Nous étendrons nos alliances commerciales et militaires en Asie et nous renforcerons nos liens avec des démocraties qui partagent notre vision afin de contrer les attaques du gouvernement chinois. »

Pas de conférence de presse de Pierre Poilievre

Le congrès conservateur a pris fin samedi sans que le chef Pierre Poilievre rencontre les médias. Généralement, les leaders des partis politiques prennent le temps de répondre aux questions des journalistes durant un congrès national. Justin Trudeau l’a d’ailleurs fait lors du congrès libéral qui a eu lieu en mai à Ottawa. M. Poilievre a prononcé un long discours vendredi soir dans lequel il a énuméré plusieurs des mesures qu’il entend mettre en œuvre s’il prend le pouvoir aux prochaines élections. Son message principal : rétablir le « gros bon sens » à Ottawa.