(Québec) Après avoir manifesté son intention de légiférer pour protéger le droit « sacré » à l’avortement, la ministre Martine Biron élargit ses visées pour corriger les « lacunes » d’accès à ce service, notamment à l’extérieur du Grand Montréal.

« Je me disais qu’on est [au Québec] en avance sur les autres provinces, mais je ne suis rendu compte qu’il y avait des lacunes dans l’accès en discutant [avec les groupes] », a expliqué la ministre responsable de la Condition féminine à son arrivée au Conseil des ministres, mercredi. Mme Biron a rappelé que le Québec dispose de 49 cliniques d’avortement devant l’Ontario, qui en compte 26.

Malgré cela, l’accès au service n’est pas parfait et surtout à l’extérieur de Montréal, constate-t-elle. « Je vous donne un exemple, à Québec, il y a une seule clinique [d’avortement] et une femme qui appelle, c’est une attente de cinq semaines, ça fait une différence », a déploré la ministre.

Un comité interministériel a été mis en place au printemps pour proposer « des actions à mettre en place afin d’améliorer l’accès aux services d’avortement », a précisé son cabinet. En mêlée de presse, Mme Biron a aussi souligné l’importance de bien faire connaître ces services et « les outils » à la disposition des femmes.

En entrevue à La Presse en avril, alors qu’elle présentait son intention de légiférer pour encadrer le droit à l’avortement, Mme Biron disait faire confiance à la réforme du ministre de la Santé, Christian Dubé — qui vise à rendre plus efficace le réseau de la santé —, pour « donner [aux femmes] davantage d’accès » aux services. Elle expliquait alors ne pas vouloir légiférer au sujet « des modalités » d’accès ou de contraception.

La députée de Québec solidaire Ruba Ghazal avait d’ailleurs critiqué l’intention de la ministre Biron en affirmant que sa priorité devrait être de présenter un plan pour améliorer l’accès à l’avortement à travers la province et d’y inclure la contraception gratuite.

« Mais avant de réfléchir à ce que vous pouvez faire pour renforcer la protection du droit à l’avortement sur papier, je souhaite vous sensibiliser aux obstacles concrets qui sont déjà vécus quotidiennement par certaines de nos concitoyennes lorsque vient le temps d’avoir accès à ce service essentiel », écrivait Mme Ghazal dans une lettre envoyée à la ministre, en mai.

Droit à l’avortement : vers un projet de loi ?

Martine Biron n’écarte pas la possibilité de déposer un projet de loi pour venir « protéger » le droit à l’avortement, mais laisse entendre que d’autres moyens sont possibles pour y arriver. En avril, légiférer était son choix numéro un. Le Barreau du Québec a, depuis, émis des réserves sur son intention.

« Pour ce qui est du principe, mes discussions ne sont pas terminées. Mon agenda est assez plein encore cet automne, mais j’aimerais poursuivre encore cette démarche-là. Je veux quand même envoyer le signal que mon objectif c’est de protéger le droit des femmes d’avoir accès à l’avortement […] et je ne ferai pas de compromis », explique-t-elle.

Compte tenu des discussions à avoir, il n’est plus acquis que la ministre tranchera cet automne, comme prévu initialement.