Remaniement ministériel Trudeau y va d’un important jeu de chaises musicales

(Ottawa) Une cohorte de recrues, une vingtaine de ministres qui s’échangent des portefeuilles, un premier ministre qui souhaite faire de l’économie une priorité. Justin Trudeau a présenté mercredi à Rideau Hall un Conseil des ministres qui pourra « gouverner encore une couple d’années », dans l’espoir de tourner la page sur une année difficile.

Le rebrassage de cartes est apparent au Québec, où six ministres changent de chaise (Pablo Rodriguez, Marc Miller, Jean-Yves Duclos, Pascale St-Onge, Diane Lebouthillier, Marie-Claude Bibeau), et où une nouvelle fait son entrée (Soraya Martinez Ferrada). Seuls trois ministres restent au même poste (Mélanie Joly aux Affaires étrangères, Steven Guilbeault à l’Environnement et François-Philippe Champagne à l’Industrie).

Député et ministre d’expérience, Pablo Rodriguez débarque aux Transports, après s’être attaqué aux géants du web et réussi à faire adopter deux projets de loi controversés (C-11 et C-18). Il conserve son poste de lieutenant politique du Québec, où les libéraux ne peuvent se permettre de perdre des plumes au prochain scrutin.

Il est remplacé au Patrimoine canadien par Pascale St-Onge, une novice en politique dont la prestation a convaincu. Dans son rôle aux Sports, elle a échafaudé une réforme qui a été bien accueillie par l’opposition et par le milieu sportif. La confiance qu’on lui vouait se constatait en Chambre, où elle a souvent été envoyée au front pour répliquer aux questions corsées des conservateurs.

Diane Lebouthillier hérite également d’un nouveau portefeuille. Elle qui était à la barre du ministère du Revenu national depuis 2015 prendra les commandes du ministère des Pêches, des Océans et de la Garde côtière. Elle est remplacée par sa collègue Marie-Claude Bibeau au Revenu national. Quant à Jean-Yves Duclos, Justin Trudeau l’envoie au des Services publics et de l’Approvisionnement.

La nouvelle venue du Québec à la table des décisions est Soraya Martinez Ferrada. Députée d’Hochelaga, à Montréal, cette proche de Mélanie Joly reconnue pour ses compétences en organisation politique se voit confier les rênes du Tourisme et de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec.

« Gouverner pendant encore une couple d’années »

La parité au Cabinet est maintenue, et sa taille demeure inchangée, avec 38 places à la table – 39 en incluant Justin Trudeau. En revanche, le premier ministre s’est adonné à un important jeu de chaises musicales. Lors du point de presse qui a suivi la cérémonie à Rideau Hall, il a insisté sur le fait que son équipe était prête à se « retrousser les manches » et s’attaquer aux enjeux économiques qui préoccupent les Canadiens.

« C’est un Cabinet pour gouverner. On espère, et on s’attend, à pouvoir gouverner pendant encore une couple d’années ; les élections ne sont pas prévues avant l’automne 2025 », a déclaré le premier ministre en face de la résidence de la gouverneure générale du Canada. Derrière lui, sous le chaud soleil de juillet, l’écoutaient les ministres de son Cabinet remodelé.

La nouvelle titulaire du Conseil du Trésor, Anita Anand, considérée comme une joueuse étoile, se trouvait au premier rang. Son départ du ministère de la Défense nationale, où elle avait plusieurs chantiers en cours, dont l’aide canadienne à l’Ukraine, la révision de la politique de la défense et la promotion de la diversité au sein des Forces armées, s’avère l’une des plus grandes surprises du remaniement.

D’autant plus qu’elle est remplacée par Bill Blair. « Vous reconnaissez le besoin d’une importante réforme de la culture au sein des Forces armées, quel genre de message pensez-vous que cela envoie de retirer une femme à la Défense pour la remplacer par un homme ? », lui a demandé un journaliste. « J’ai une confiance énorme en Bill Blair », a répliqué Justin Trudeau.

Au rayon des nouveautés, également, Sean Fraser déménage au ministère du Logement, de l’Infrastructure et des Collectivités. Pour le remplacer à la tête du complexe ministère de l’Immigration, le premier ministre a jeté son dévolu sur son grand ami, Marc Miller.

Les rênes du ministère de la Sécurité publique, un épineux dossier qui est au cœur de l’actualité depuis des mois, et dont la gestion a valu un renvoi à Marco Mendicino, vont à Dominic LeBlanc, qui poursuivra donc ses négociations avec l’opposition sur la tenue d’une enquête publique sur l’ingérence étrangère.

Le premier ministre a choisi de garder en poste les piliers que sont la vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, et le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault.

Les nouveaux

Plusieurs recrues – il y en a sept au total – ont franchi les grilles de Rideau Hall, mercredi. Terry Beech, de Vancouver, Arif Virani, Ya’ara Saks, Rechie Valdez, et Gary Anandasangaree, tous de la grande région de Toronto , ainsi que Jenna Sudds, de la région d’Ottawa, seront dorénavant désignés « honorables ».

Ils deviennent, respectivement, titulaires des ministères des Services aux citoyens, de la Justice, de la Santé mentale et des Dépendances, de la Petite Entreprise, des Relations Couronne-Autochtones, et de la Famille, des Enfants et du Développement social.

La promotion du Torontois Arif Virani constitue l’une des surprises du remaniement. Car il succède à David Lametti, dont les motifs du départ n’ont pas été précisés. Questionné par les journalistes, le premier ministre n’a fourni aucun détail à ce sujet, se contentant de remercier le député montréalais pour son service.

La nouvelle équipe de ministres se réunit pour une première fois à Ottawa mercredi après-midi. Ils se reverront à l’Île-du-Prince-Édouard à la fin du mois d’août pour une retraite présessionnelle.