Le premier ministre François Legault vit « dans un monde imaginaire » en pleine crise du logement, a déclaré Gabriel Nadeau-Dubois en point de presse mercredi. Le porte-parole de Québec solidaire a prié le gouvernement de revenir en arrière sur les cessions de bail pour « envoyer un message d’apaisement » à l’approche du 1er juillet.

« M. Legault, revenez donc sur terre », a affirmé Gabriel Nadeau-Dubois. « C’est le temps d’enlever les lunettes roses, c’est le temps de trouver des solutions, les gens ont besoin d’aide », a-t-il ajouté. Le porte-parole de Québec solidaire a demandé le retrait de l’article du projet de loi 31 qui met à risque les cessions de bail, la crise du logement étant une « urgence nationale ».

Le projet de loi déposé en dernière journée de session parlementaire prévoit accorder aux propriétaires la possibilité de refuser une cession de bail sans motif sérieux. La pratique est considérée comme « un des derniers outils » pour freiner la crise du logement, un « recul majeur pour les locataires », selon le porte-parole de Québec solidaire.

Des coûts qui ne cessent d’augmenter

Le coût des logements s’enflamme : l’augmentation s’élève à 14 % cette année, bien plus vite que l’inflation, note Martin Blanchard, porte-parole du Regroupement des comités logement et des associations de locataires du Québec (RCLALQ). « Le gouvernement ne règle pas la crise du logement. Au contraire, il la nourrit », a-t-il affirmé.

« La crise du logement, elle a des visages concrets et c’est la tâche du gouvernement de régler cette situation-là », a renchéri Andrés Fontecilla, responsable solidaire en matière de logement.

Un de ces visages, c’est Catherine Brunette. Après sa séparation, elle a dû quitter son 5 1/2, n’étant plus capable de le payer. À dix jours du 1er juillet, la mère de deux adolescents n’a toujours pas trouvé un logement qui correspond à ses moyens, même en se rabattant sur un 4 1/2 : « Je stresse, je ne veux pas me retrouver à la rue. Je fais tout mon possible. »

PHOTO FOURNIE PAR QUÉBEC SOLIDAIRE

Catherine Brunette a témoigné en point de presse mercredi. À dix jours du 1er juillet, elle cherche toujours un logement pour elle et ses deux adolescents.

Le premier ministre François Legault s’est dit satisfait du déroulement des 1er juillet des quatre dernières années en conférence de presse lundi : « Quand je dis que ça s’est bien passé, c’est que personne ne s’est retrouvé à la rue ».

Toutefois, 300 appels d’urgence à la Ville de Montréal auraient déjà été faits cette année, a indiqué Andrés Fontecilla, sans compter les gens dont l’itinérance est cachée. En 2022, 620 ménages locataires sans logis au 1er juillet ont été accompagnés par un service d’aide au Québec, contre 175 ménages en 2019, selon ce qu’on apprenait dans La Presse mercredi.

Le premier ministre a précisé ses propos à son arrivée au Conseil des ministres : « Concernant le 1er juillet qui s’en vient, on va s’assurer qu’aucun Québécois, qu’aucune personne au Québec ne se retrouve à la rue. Ça ne veut pas dire qu’on va être capable de trouver des logements permanents à tout le monde. Il manque de logements. Mais on va trouver des logements temporaires, que ce soient des hôtels ou toutes sortes de logements, comme on l’a fait les derniers 1er juillet. »

Le RCLALQ appelle à la mobilisation

Contrairement aux regroupements de propriétaires, le RCLALQ n’a pas été consulté dans l’élaboration du projet de loi 31, a rappelé Martin Blanchard : « Aucun gouvernement de toute l’histoire du RCLALQ n’a refusé une rencontre avec le regroupement, ça n’est jamais arrivé. Or, avec la CAQ, en deux mandats, on n’a jamais réussi à rencontrer ne serait-ce qu’une seule fois le gouvernement. »

Martin Blanchard a lancé un appel à se rendre dans la rue, afin de presser le gouvernement d’agir par rapport à la crise du logement, en commençant par reculer sur les cessions de bail. Gabriel Nadeau-Dubois et Andrés Fontecilla seront également aux côtés du RCLALQ lors de la manifestation de jeudi à Montréal.