(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau a indiqué mercredi que la planification et consultation entreprises par son ministre Dominic LeBlanc sur la suite des choses dans le dossier de l’ingérence étrangère, et possiblement une commission d’enquête, devraient se conclure « rapidement ».

Questionné à savoir s’il donnait une échéance au ministre pour finir son travail afin qu’une décision soit prise, M. Trudeau a commencé sa réponse par un « oui ».

« On s’attend à ce que ce soit fait rapidement. Je sais que les Canadiens sont préoccupés au niveau de l’ingérence étrangère », a-t-il aussitôt ajouté, en mêlée de presse à la base militaire de Bagotville, à Saguenay.

Son ministre des Affaires intergouvernementales, M. LeBlanc, répète depuis qu’il a tendu la main aux partis d’opposition, le week-end dernier, que « toutes les options » sont sur la table. Cela inclut la possibilité d’une enquête publique et indépendante réclamée à l’unisson par les conservateurs, néo-démocrates et bloquistes.

Depuis, le chef conservateur Pierre Poilievre a rencontré son vis-à-vis du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, qui a divulgué une correspondance envoyée à M. LeBlanc dans laquelle il mentionne, « à titre d’exemple », les noms de personnes ayant « l’envergure pour mener à bien » pareille commission, comme les anciennes juges Louise Arbour et Louise Otis.

Les suggestions de M. Blanchet ont été qualifiées mardi de « raisonnables » et « intéressantes » par MM. Trudeau et LeBlanc. Le ministre, qui a même mentionné voir cette correspondance comme « une étape importante », n’a pas voulu dire, mercredi matin, quand il comptait s’être entretenu avec tous les leaders de partis d’opposition.

« Vous devez présumer que, (d’ici) la fin des quelques prochains jours, j’aurai parlé aux chefs des partis politiques, qu’il se peut que j’aie des appels (planifiés) moi-même aujourd’hui », a-t-il soutenu alors qu’il se rendait à la réunion hebdomadaire du caucus libéral.

Appelé à dire s’il avait lui-même en tête une échéance, il a réitéré que, « dans un scénario parfait », plus de détails pourraient être donnés sur les étapes à venir « d’ici la fin de la semaine prochaine ».

La Chambre des communes doit, à ce moment-là, ajourner ses travaux pour l’été. Le Bloc québécois demande que d’ici là, la commission d’enquête tant souhaitée soit mise en place et les néo-démocrates et conservateurs prônent aussi l’urgence.

M. Blanchet a signalé avoir eu une réponse de M. LeBlanc à sa correspondance et que ce dernier lui propose une discussion téléphonique. Le chef bloquiste compte demander une rencontre en personne.

Interrogé, en mêlée de presse, sur son impression quant à la rapidité du travail mené par le ministre, M. Blanchet a dit vouloir lui laisser le « bénéfice du doute » pour « encore quelques jours », c’est-à-dire « pas beaucoup de jours ».

M. Blanchet a souligné que les trois questions qu’il voit comme centrales dans les discussions seront de savoir si le gouvernement accepte que l’enquête soit pleinement indépendante, qu’elle se déroule essentiellement en public — sauf pour des éléments ayant trait à la sécurité nationale - et que « le processus soit formellement enclenché, en dehors des mains du gouvernement », d’ici à vendredi de la semaine prochaine.

« N’importe quoi qui ne sera pas un oui va être interprété comme un non et on ne l’acceptera pas », a-t-il tranché.

Quant à M. Poilievre, il poursuit sa ronde de conversations et a prévu un appel mercredi soir avec le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, ont confirmé les bureaux des deux chefs de parti. Le chef conservateur a noté, devant les journalistes, qu’il avait aussi envoyé une invitation à la cheffe du Parti vert, Elizabeth May, et qu’il devait s’entretenir avec M. LeBlanc.

« Mettons l’intérêt national en premier. Mettons de côté les intérêts de nos partis. Nous devons protéger le Canada contre l’ingérence étrangère », a-t-il lancé mercredi matin quand il s’est fait demander quel était le but des rencontres qu’il sollicitait lui-même.

Selon lui, l’ensemble des chefs de parti n’ont pas à être réunis à la même table en même temps.

M. Singh n’est pas du même avis. « Si le gouvernement est sérieux, il doit premièrement s’engager à avoir une enquête publique, deuxièmement, rassembler tous les chefs de partis pour avoir un processus qui fonctionne », a-t-il dit.

Il a défendu à nouveau son idée que chaque parti reconnu en Chambre soit représenté sous la forme d’un comité qui analyserait des candidatures de commissaires ou co-commissaires.

M. LeBlanc a rappelé que son travail impliquait aussi des discussions avec « des juristes, des juges à la retraite (et) des académiques qui ont de l’expérience dans ce domaine ».

M. LeBlanc a aussi souligné que les discussions portent également sur les « termes de référence » ou mandat d’une possible enquête publique et que, même s’il y a entente sur un ou plusieurs commissaires pour présider le tout, le travail ne serait pas fini.

« Si ultimement, on arrive sur une personne ou des personnes, ce serait normal aussi de leur demander de participer dans l’élaboration des termes de référence, de l’échéancier. Alors on essaie de mettre tout ça ensemble sur une base cohérente », a-t-il conclu.