La députée solidaire Ruba Ghazal se lance dans la course pour succéder à Manon Massé à titre de co-porte-parole de Québec solidaire (QS). Devenant la première à confirmer sa candidature, elle promet de mener une campagne centrée sur la langue, la culture, mais aussi l’indépendance, dont elle veut davantage parler.

« C’est tout naturel pour moi de me présenter. J’ai milité depuis la fondation du parti et j’ai pu contribuer pour faire avancer notre projet de société. Je veux aller encore plus loin », lance l’élue en entrevue avec La Presse.

Sa candidature, d’abord révélée par La Presse Canadienne, a été confirmée dimanche. L’élue promet d’emblée de parler « davantage d’indépendance ». « Dans le parti, on en parle, de ces enjeux-là, mais c’est comme si ce n’est pas assez entendu pour les Québécois. Je veux mettre ça de l’avant, j’ai envie que les gens entendent parler d’indépendance, de notre projet pour y arriver », affirme Mme Ghazal.

La femme de 45 ans s’engage aussi à faire de la langue et de la culture québécoise ses priorités durant la campagne, en plus de l’environnement et de la lutte contre les changements climatiques.

« Je la ressens aussi, cette peur de perdre sa langue, de perdre sa culture. Avec tout ce qui se passe avec les GAFAM, les jeunes qui n’écoutent plus notre télé québécoise, je me dis qu’il ne faut pas attendre des lois fédérales comme C-11, mais bien se doter de tous les outils en notre possession pour protéger notre langue et notre culture », persiste la députée.

Officiellement, Ruba Ghazal est jusqu’ici la seule sur les rangs. Sa collègue Christine Labrie, députée de Sherbrooke, s’est toutefois déjà dite en réflexion, pendant que l’ex-députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien, pourrait également tenter sa chance, selon plusieurs sources.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

La députée de Sherbrooke, Christine Labrie

Parler à plus de publics

Ancienne gestionnaire dans le milieu des affaires, Ruba Ghazal ne cache pas qu’elle aimerait que Québec solidaire « parle davantage » à certains publics. « Avant de devenir députée, je gagnais ma vie dans des usines, des entreprises privées. J’ai déjà travaillé chez Bombardier, donc j’ai été proche des gens qui avaient des jobs de 9 à 5. Et il faut qu’à QS, on écoute ces gens. Il faut que la façon dont on amène nos propositions puisse leur parler davantage », concède-t-elle en entrevue.

Du même souffle, elle prévient toutefois qu’il est crucial que les solidaires restent « fidèles à leurs valeurs ». « Les inégalités se creusent au Québec, et ça me préoccupe énormément. C’est pour ça que je suis ici », lance Mme Ghazal.

Celle-ci entend aussi faire plus de place aux électeurs en région, où elle promet de se déplacer « beaucoup » durant la campagne. « Ce ne sera pas un exercice de communication. On veut vraiment aller là où les gens ne nous attendent pas, dans des milieux d’affaires, dans des chambres de commerce, par exemple. »

Au sein du parti, l’élue souhaite aussi « que la voix des régions soit plus entendue ». « Nos militants, ce ne sont pas juste des gens de Montréal. Par exemple, au sein de notre comité de coordination national, je proposerai qu’il y ait un quota de personnes issues de régions rurales et qu’on offre plus de soutien aux associations locales afin qu’elles puissent se développer et être prêtes pour l’élection de 2026 », illustre-t-elle.

Croisée des chemins

Pour Mme Ghazal, cette course à la succession de Manon Massé arrive à un moment charnière pour Québec solidaire. « En ce moment, on est à la croisée des chemins pour QS. Le risque, c’est de stagner, mais il ne faut pas que ça arrive. On veut réellement avancer en 2026 », maintient la députée de Mercier.

À ses yeux, ce « brassage d’idées » sera « très bon pour le parti », peu importe qui est nommée co-porte-parole à l’issue de la course. « Chaque personne va avoir sa couleur et ça va être bénéfique pour notre parti. Ça va nous aider dans notre progression. »

D’origine palestinienne, née au Liban, Mme Ghazal, une enfant de la loi 101, a fait son baccalauréat en administration des affaires et sa maîtrise en environnement. Avant de devenir députée, elle a notamment travaillé pour O-I Canada Corp., Church & Dwight Canada Corp., L-3 Communications et Bombardier Aéronautique. Elle est actuellement whip de son parti à l’Assemblée nationale, en plus de cumuler les fonctions de porte-parole en matière d’éducation, de culture, de langue française et de condition féminine.

La campagne durera 13 semaines. Les candidates doivent amasser 500 signatures de membres en règle provenant de six régions et 20 circonscriptions différentes. Des débats sont prévus durant cette période. Le congrès qui élira les porte-parole de QS aura lieu du 24 au 26 novembre. C’est au cours de ce week-end que Manon Massé quittera ses fonctions de co-porte-parole. Gabriel Nadeau-Dubois, lui, devrait rester en poste.

Avec La Presse Canadienne