De Québec à Ottawa, découvrez ce qui a retenu l’attention de nos correspondants parlementaires cette semaine.

Dure semaine : Pierre Dufour

Peut-être que François Legault aurait dû garder Pierre Dufour au poste de ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs. Le député d’Abitibi-Est a trop de temps libre… Lundi, il a fait un petit détour au conseil municipal de Val-d’Or pour y réfléchir à voix haute. Sa récolte de la soirée : insulter les femmes autochtones, la commission Viens, les médias et le travail des élus municipaux. Fin rhéteur, il a notamment comparé un reportage primé de l’émission Enquête en 2015 à un « tas de merde ». Pourquoi ressortir cette vieille histoire ? Pourquoi attaquer autant de gens dans cette envolée confuse et rageuse ? On comprend pourquoi M. Legault a éjecté M. Dufour du Conseil des ministres, et pourquoi il a nommé comme responsable de l’Abitibi Mathieu Lacombe, qui est pourtant député en Outaouais.

Paul Journet

Bonne semaine : Manon Massé

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, lors du dernier congrès de Québec solidaire, en février 2023

Quand un politicien fait du théâtre, les gens le sentent. Et quand une personne est intègre et parle avec son cœur, on s’en rend compte aussi. On savait déjà que Manon Massé était authentique. Mais cette semaine, elle a aussi montré à la fois son sens de l’équipe et de la stratégie en réussissant l’art difficile de la sortie. Elle reste députée, mais abandonne son rôle de co-porte-parole féminine. Ce départ survient au bon moment pour laisser les prétendantes à sa succession annoncer leurs couleurs, diffuser leurs idées et débattre avant que les militants tranchent en novembre. La vainqueure aura trois ans pour apprivoiser son rôle avant les prochaines élections. Voici à quoi ressemble une personne qui pense toujours aux autres.

Paul Journet

L’expression de la semaine : Far West

Le ministre fédéral des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller, a repris une journaliste qui a employé le terme « Far West » en posant une question sur la situation à Kanesatake. « Je ne veux pas vous faire la leçon, et ce n’est pas ma place de le faire. Mais évitons ces termes très colorés qui peuvent blesser des gens […] Quand on dit le Far West, là, c’est toujours l’image des Autochtones qui se font tuer », a-t-il souligné.

Démocratiser la prorogation

Avis aux allergiques à la procédurite : passez à une autre capsule. Pour ceux qui en mangent, voici : le pouvoir de proroger les travaux de la Chambre des communes, prérogative du premier ministre, devrait être limité. C’est, en tout cas, ce que propose le néo-démocrate Daniel Blaikie. « À tout moment, s’il n’est pas satisfait de ce qui se passe au Parlement, il peut démolir tout le travail qui a été fait », a-t-il noté. Sa motion M-79 suggère qu’à l’avenir, un premier ministre qui veut proroger le Parlement tienne un vote de confiance avant de le faire, et que s’il refuse, le premier point à l’ordre du jour soit un débat suivi d’un vote de confiance. Pour plus de détails, voir le Hansard (Débats de la Chambre des communes).

Maxime Bernier joue son va-tout

PHOTO STEVE LAMBERT, LA PRESSE CANADIENNE

Maxime Bernier, chef du Parti populaire du Canada, lors d’une mêlée de presse, mardi, à Winnipeg

Disparu de l’écran radar après les élections fédérales de 2021, le chef du Parti populaire du Canada (PPC), Maxime Bernier, est réapparu cette semaine pour annoncer qu’il brigue les suffrages lors de l’élection partielle dans la circonscription de Portage–Lisgar, au Manitoba, le 19 juin. Après avoir mordu la poussière dans sa Beauce natale aux élections de 2019 et de 2021, il doit s’exiler pour espérer remporter un siège à la Chambre des communes. Signe qu’il joue son va-tout, il a même promis de déposer un projet de loi interdisant l’avortement au troisième et dernier trimestre d’une grossesse, s’il est élu député. Le dicton veut que la colère soit mauvaise conseillère. On peut ajouter que le désespoir fait aussi figure de mauvais guide.

Le français malmené

Les craintes que les propos de la ministre Patty Hajdu soient mal traduits dans un journal francophone, évoquées par son attaché de presse mardi, ont fait réagir. « C’est très révélateur. C’est une erreur de jugement parce que politiquement, j’imagine qu’ils auraient aimé continuer à être un peu plus hypocrites, a lancé le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet. C’est inacceptable comme réponse. » La Presse tentait d’obtenir une entrevue avec la ministre des Services aux Autochtones au lendemain de la publication de son enquête sur le dépotoir illégal de Kanesatake. Réalisant son erreur, l’attaché de presse s’est confondu en excuses. Une employée du bureau du premier ministre a contacté La Presse le lendemain et s’est engagée à ce que ce genre de situation ne se reproduise plus.