(Ottawa) Le chef du Parti populaire du Canada (PPC), Maxime Bernier, promet le dépôt d’un projet de loi empêchant l’avortement au troisième et dernier trimestre d’une grossesse s’il est élu député.

« Un meurtre est un meurtre », a dit mercredi celui qui est candidat de l’élection partielle dans la circonscription manitobaine de Portage-Lisgar.

Au cours d’un point de presse hybride à Winkler, au Manitoba, M. Bernier a indiqué qu’il déposerait un tel projet de loi à la première occasion.

Le chef du PPC avait déjà signalé par le passé qu’il considérait qu’au troisième trimestre de grossesse, le fœtus est développé au point d’être un enfant et que l’avortement devrait être interdit dans ce contexte à moins de cas d’exception.

L’ex-député de la Beauce et ancien élu conservateur avait clarifié sa position en 2019, après avoir dit vouloir se garder la possibilité de décider « en temps et lieu » comment il voterait face à un éventuel projet de loi restreignant le droit des femmes à l’avortement.

En 2012, M Bernier avait voté contre une motion conservatrice portant sur les droits du fœtus et qui visait notamment à mandater un comité afin qu’il détermine à quel moment « un enfant devient un être humain ».

Maintenant qu’il est en campagne comme aspirant député de la circonscription laissée vacante par le départ de la conservatrice Candice Bergen, M. Bernier s’engage à déposer un projet de loi visant à restreindre le droit à l’avortement après six mois de grossesse. Il a précisé mercredi qu’une telle proposition législative avait déjà été mise de l’avant par Laura-Lynn Tyler Thompson, qui a été candidate du PPC et qui était à ses côtés mercredi.

M. Bernier a également dit vouloir « rouvrir le débat » sur l’interruption volontaire de grossesse, mentionnant qu’il était conscient que certains trouveraient que le projet de loi qu’il souhaite déposer ne va pas assez loin.

Nous, on commence avec le dernier trimestre et donc on dit qu’après six mois, l’avortement doit être interdit à moins que la vie de la mère ou de l’enfant ne soit en danger. Puis on veut rouvrir le débat.

le chef du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier

Le chef du PPC a dit vouloir emmener le leader conservateur Pierre Poilievre à expliquer « pourquoi il est contre la réouverture de ce débat-là ».

« Lorsqu’on rouvre le débat, eh bien il y a des discussions en comité parlementaire. J’aimerais que le Canada fasse partie des pays civilisés pour avoir une réglementation qui respecte la vie et c’est ce qu’on ne fait pas au Canada depuis 35 ans », a ajouté M. Bernier en faisant référence aux années qui se sont écoulées depuis l’arrêt Morgentaler.

Cette décision rendue en 1988 par la Cour suprême a décriminalisé l’avortement, qui peut depuis se pratiquer à tous les stades de la grossesse.

Les interruptions de grossesse dites « tardives », soit celles qui sont pratiquées après 23 semaines, sont rares au Québec, si l’on se fie à un rapport interne du Collège des médecins du Québec daté de 2018. Les femmes qui en font la demande sont généralement transférées aux États-Unis, une pratique qualifiée dans le document d’« inacceptable ». « Chaque année, entre 10 et 25 femmes doivent partir aux États-Unis pour mettre fin à une grossesse avancée. Elles qualifient leur expérience de “mal nécessaire” », peut-on lire.

Si le transfert aux États-Unis est impossible, la femme peut être envoyée dans un établissement du Québec en fonction d’un ou de plusieurs « critères d’admissibilité », comme celui de dépendance à l’alcool ou aux drogues et de « problématique de santé mentale modérée à importante ».

L’emplacement de ce centre n’est pas divulgué dans le rapport partiellement caviardé transmis à La Presse Canadienne par le Collège des médecins du Québec. Si aucune de ces options n’est possible, alors un médecin volontaire doit être trouvé pour pratiquer l’avortement ainsi qu’une équipe, lesquels doivent avoir « l’autorisation de la direction de leur institution ».

Or, la femme « sera souvent contrainte de poursuivre la grossesse », note-t-on dans le rapport.

Le Collège des médecins du Québec a formulé des recommandations pour remédier au fait que les services offerts dans la province « laissent à désirer ». « Leur (dés-)organisation est extrêmement discriminatoire envers les femmes et favorise une regrettable stigmatisation des soignants qui participent aux IGT (interruptions de grossesse dites tardives) », a-t-on conclu.

Avec des informations de Michel Saba, La Presse Canadienne