(Drummondville) Les militants bloquistes réunis en congrès de leur formation politique ont entériné dimanche 120 propositions faisant consensus, seulement une résolution ayant été rejetée au terme de débats où aucun échange houleux ou désaccord tranché ne se sont fait entendre.

« Ça se passe merveilleusement bien », a dit le chef bloquiste Yves-François Blanchet, en milieu de journée, en commentant la teneur des discussions sur les propositions examinées par les délégués regroupés en commissions, samedi, puis en salle plénière pour un feu vert final, dimanche.

Dans un discours clôturant le congrès de trois jours, il a dit conclure que sa formation politique est en santé et a un « coffre à outils tout à fait bien garni » par les idées adoptées, la comparant à une « machine rutilante ».

« Le travail est loin d’être fini. On est de retour là où on était rendus avant les moments difficiles. On en a tiré des leçons et on repart enfin de là », a dit M. Blanchet. Il a vraisemblablement fait allusion aux tumultueuses dissensions internes qui ont déchiré le Bloc québécois durant le leadership de Martine Ouellet, mentionnant qu’« on a déjà vu des congrès dont on avait hâte qu’ils finissent ».

Au fil de votes de dimanche, dont plusieurs ont été unanimes, les militants rassemblés à Drummondville ont, entre autres, demandé la nomination « sans délai » de juges nommés par le fédéral pour des postes qui sont vacants, déclaré que toute personne qui habite au Québec est québécoise et dénoncé les féminicides ainsi que la culture du viol.

Ils se sont aussi objectés, par le biais d’une proposition adoptée, à « l’inadéquation des politiques fédérales vis-à-vis [celles du Québec] en matière migratoire qui met en péril le français et la culture du Québec, ainsi que les cultures et langues des peuples autochtones ».

À l’instar de ce qui a été exprimé par les députés bloquistes à la Chambre des communes, les délégués se sont entendus sur l’abaissement de l’âge minimal du droit de vote à 16 ans. Sans surprise, les militants ont adopté une proposition en faveur de la décriminalisation de la possession et l’usage pour consommation personnelle de toutes les drogues, ce qui est conforme à une proposition déjà prise par le Bloc québécois par le passé.

De même, les militants, ont mandaté leur aile parlementaire d’agir pour que la Loi sur les langues officielles d’Ottawa ne s’applique pas sur le territoire québécois, au bénéfice de la seule application de la Charte de la langue française du Québec.

La seule résolution battue visait à se prononcer en faveur de « mesures incitatives » pour que la résidence permanence soit accessible par « une voie express » pour des étudiants internationaux ayant choisi le Québec comme lieu d’étude, notamment.

Quelques propositions qui auraient pu être vues comme ayant le potentiel de faire des vagues avaient été rejetées en commission. C’est le cas de deux résolutions visant à déclarer qu’un manque de pouvoirs en immigration du Québec « représente un obstacle pour la cohésion sociale ».

Durant le débat en commission, plusieurs militants ont appelé à la prudence, soutenant qu’une telle formulation pouvait sous-entendre, intentionnellement ou non, que l’arrivée d’immigrants soit un problème.

Une militante avait même dit qu’« on croirait entendre François Legault », le premier ministre du Québec et chef de la Coalition avenir Québec (CAQ). Ce dernier avait été vertement critiqué, durant la campagne électorale de l’automne dernier, après avoir employé l’expression « cohésion nationale » en parlant d’immigration et de protection de la langue française.

Il avait fait valoir que la cohésion nationale risquait d’être menacée si l’afflux d’immigrants non francophones n’était pas contenu. Il avait défendu la demande de la CAQ d’avoir plus de pouvoirs en immigration afin que la province puisse contrôler entièrement ses politiques migratoires en fonction de sa capacité d’accueil et de la protection du français.

Mais M. Blanchet estime que le spectre de cet épisode n’a pas changé la donne pour les délégués bloquistes. « La commission a disposé des propositions, mais je ne crois pas que ce soit par peur de se retrouver dans un film ou d’être associé à une position de la CAQ qui avait été, à l’époque, passablement instrumentalisée par ses adversaires », a-t-il dit après avoir été questionné à ce sujet.

Quant à une proposition avortée de militants pour reconnaître le Parti québécois comme seule formation politique à l’Assemblée nationale portant la cause souverainiste, M. Blanchet n’a pas voulu dire si elle aurait pu freiner d’autres indépendantistes de joindre le Bloc québécois comme souhaité.

« Le compromis qui a été amené […], moi j’étais très heureux de ça. Quand j’en ai entendu parler, j’ai fait : “C’est parfait !” » a-t-il soutenu.

Ce « compromis » a été l’adoption, plutôt, d’une résolution affirmant que les bloquistes ont le devoir de rassembler les indépendantistes de toute allégeance « tout en reconnaissant les liens historiques et privilégiés [qui les unissent au] Parti québécois ».

De nombreuses propositions n’ont pas pu, faute d’un temps réglementaire atteint, obtenir d’aval formel par les militants même si elles avaient passé l’étape de l’adoption en commissions.

C’est le cas, par exemple, d’une proposition pour que les nominations présentement faites par le fédéral pour des juges exerçant au Québec soient effectuées par la province.

Au total, 252 résolutions avaient été soumises à la considération des délégués.