(Ottawa) Le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique (NPD), Alexandre Boulerice, croit qu’il est « extrêmement dommage » que PolySeSouvient se sente trahi par son parti et par les libéraux de Justin Trudeau en raison d’une mesure d’interdiction des armes d’assaut jugée trop faible.

Le groupe militant pour un resserrement du contrôle des armes à feu estime que les nouveaux amendements au projet de loi C-21 élaborés par les libéraux en collaboration avec les néo-démocrates et les bloquistes équivalent à un « recul complet ».

Ces amendements comportent une définition des armes d’assaut prohibées dans le but de l’enchâsser dans le Code criminel au moyen de l’adoption de C-21. Cela vise à éliminer les échappatoires du décret de 2020 ayant déjà permis d’interdire environ 2000 modèles et variantes, mais PolySeSouvient se désole que la définition ne s’appliquera pas à d’autres armes qui se trouvent déjà sur le marché.

« La définition ne fait qu’ajouter de la confusion au système de classification, car elle ne s’applique qu’aux modèles futurs, ce qui signifie qu’il y a une contradiction dès le départ », a soutenu mardi par déclaration écrite la coordonnatrice de PolySeSouvient, Heidi Rathjen.

Selon l’organisation, les libéraux ont dilué l’effet de leur définition pour plaire au NPD et à certains membres de leur propre caucus qui sont réticents à un plus grand contrôle des armes à feu.

« Je trouve ça extrêmement dommage qu’ils aient cette impression-là », a réagi M. Boulerice, en mêlée de presse, quand il a été questionné sur ces critiques.

Selon lui, le NPD est plutôt à l’origine d’importantes avancées. « Au lieu de se fier sur une liste qui deviendrait obsolète très rapidement, on a une définition qui va servir à faire en sorte qu’on va tarir le problème à la source, c’est-à-dire que les armes dangereuses, les fusils d’assaut, n’arriveront pas sur le marché », a-t-il fait valoir.

Il a comparé l’approche au fait que les compagnies pharmaceutiques n’ont pas le choix de détenir une approbation de Santé Canada pour pouvoir distribuer de nouveaux médicaments au pays.

« Pour l’avenir, on met le fardeau sur le fabricant (d’armes) et non pas le consommateur. Et ça, je pense que c’est une approche qui est saluée par plusieurs », a affirmé M. Boulerice, mentionnant la Coalition canadienne pour le contrôle des armes à feu. Cette organisation a déclaré par communiqué qu’elle félicitait le NPD et le Bloc québécois d’avoir travaillé avec les libéraux pour trouver « une voie de passage » même si elle souligne qu’« aucune loi n’est parfaite ».

Quant aux armes qui se trouvent déjà sur le marché, le chef adjoint du NPD a plaidé que le retour du Comité consultatif canadien des armes à feu permettra de s’y attaquer. « Il y a déjà une liste de 2000 [armes d’assaut] qui sont interdites [par décret]. Cette liste-là demeure [et le] comité de surveillance qui va être mis sur pied va mettre cette liste-là à jour », a-t-il dit.

Le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, tient à peu près le même discours. Il insiste aussi sur le fait qu’il s’est engagé à apporter des changements réglementaires pour interdire les modèles qui ont des chargeurs à grande capacité.

« [C’est] l’ingrédient essentiel pour transformer une arme à feu en [outil de] tuerie de masse », avait-il fait valoir lundi en annonçant la nouvelle feuille de route préconisée.

L’hiver dernier, le gouvernement Trudeau avait présenté une précédente mouture des amendements à C-21 visant à assortir l’interdiction des armes d’assaut d’une définition. Celle-ci, qui comportait une imposante liste s’étalant sur des centaines de pages, avait généré confusion et inquiétude. Des chasseurs et des membres de communautés autochtones craignaient que des armes utilisées pour la chasse soient visées et les libéraux avaient finalement retiré leurs amendements face au tollé.

Le comité de la sécurité publique, qui étudie le projet de loi C-21, a repris mardi son examen article par article. Celui-ci avait été suspendu après la volte-face des libéraux, en février.

Mis à part les amendements portant sur les armes d’assaut, la pièce législative a pour objectif de renforcer le gel des armes de poing. La législation permettrait également de retirer les permis d’armes à feu des personnes commettant de la violence conjugale ou se livrant à du harcèlement criminel, ainsi que d’augmenter les peines maximales pour la contrebande et le trafic d’armes à feu de 10 à 14 ans.