(Ottawa) Un gouvernement fédéral conservateur dirigé par Pierre Poilievre poursuivrait les sociétés pharmaceutiques afin de financer le traitement de la toxicomanie au pays.

C’est ce que le chef conservateur a affirmé mardi, en Colombie-Britannique, sans toutefois préciser ce qu’il ferait des sites où il est possible de consommer des drogues sous surveillance.

De passage en banlieue de Vancouver, une région qu’il a régulièrement critiquée pour son approche face à la crise des opioïdes, M. Poilievre a affirmé sans détour que le premier ministre Justin Trudeau et le gouvernement provincial, dirigé par le NPD, contribuent tous deux au problème en Colombie-Britannique.

Il a estimé que fournir des drogues sécuritaires à certains utilisateurs et décriminaliser la possession de petites quantités de certaines substances faisaient partie d’une « expérience ratée ».

M. Poilievre s’est donc engagé à mettre fin à ces pratiques et à interdire la décriminalisation. Sa position a rapidement été décriée par ses adversaires politiques et certains experts de ce domaine, qui affirment que de telles mesures sont nécessaires pour freiner la circulation de drogues de mauvaise qualité, qui ont conduit à des milliers de surdoses.

Cependant, M. Poilievre a réitéré sa position mardi.

« Je ne crois pas qu’on devrait inonder nos communautés avec encore plus de drogues financées par les contribuables », a-t-il affirmé.

Selon lui, il vaudrait mieux offrir plus d’options de soins et de traitement des dépendances. Et pour payer ces nouveaux programmes, un gouvernement conservateur lancerait une poursuite de 44 milliards contre les sociétés pharmaceutiques qui fabriquent les médicaments sur ordonnance dont de nombreux Canadiens sont dépendants.

« Ces grandes entreprises savaient exactement ce qu’elles faisaient en vendant ces drogues à notre système de santé, a-t-il martelé. Le résultat, c’est une grande crise de dépendances et de surdoses qui est arrivée à travers l’Amérique du Nord. Le gouvernement Trudeau n’a rien fait pour tenir ces entreprises responsables. »

En plus de cette poursuite, un gouvernement conservateur ajouterait aussi son nom à une poursuite similaire intentée par la Colombie-Britannique.

Quoi faire avec les sites de consommation supervisée ?

Lorsque des journalistes lui ont demandé s’il avait l’intention de modifier les règles actuelles concernant les sites de consommation supervisée, le chef conservateur a simplement répondu que « le système qui est en place actuellement a échoué ».

Le gouvernement fédéral finance présentement des programmes encadrant la consommation sécuritaire dans 20 centres à travers le pays.

En plus de la supervision, ces sites offrent généralement des services comme des tests de dépistage de drogues et des aiguilles propres. Ils aident aussi leurs usagers à entrer en communication avec d’autres services de soutien, y compris l’aide au logement. Pour mener leurs activités, ces centres ont besoin d’une exemption fédérale à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances.

Les conservateurs s’inquiètent depuis longtemps de ces sites. Le gouvernement de l’ancien premier ministre Stephen Harper a notamment contesté leur expansion pendant son mandat, invoquant leur effet sur la perception de la population.

En 2013, le gouvernement Harper a adopté une loi intitulée « Loi sur le respect des collectivités », qui stipulait que les organisations souhaitant ouvrir de telles installations devaient répondre à un ensemble de critères stricts pour que leurs demandes soient prises en compte.

Après l’arrivée au pouvoir des libéraux, en 2015, le gouvernement Trudeau a adopté un projet de loi qui réduisait à huit le nombre de critères, par rapport aux 26 de la loi initiale. En 2020, Ottawa a signalé que 39 sites de ce type étaient en activité.