(Québec) Le gouvernement Legault pose deux conditions au projet de Loto-Québec et du Groupe CH d’ouvrir un tout nouveau salon de jeux au Centre Bell : la Santé publique devra donner son accord et le projet devra entraîner une réduction nette du nombre d’appareils de loterie vidéo.

« C’est le genre de dossier où je veux consulter la Santé publique. On va faire ça si on le fait avec la Santé publique », a brièvement commenté le premier ministre, en appuyant fermement sur le « si » le projet va de l’avant.

Mercredi, La Presse révélait que Loto-Québec et le Groupe CH, propriétaire du Canadien de Montréal, sont sur le point de conclure une entente afin d’ouvrir un tout nouveau salon de jeux au Centre Bell. L’établissement sera doté de plusieurs centaines de machines à sous ainsi que de bornes de paris sportifs.

En matinée mercredi, le PDG de Loto-Québec, Jean-François Bergeron, a confirmé les informations de La Presse en entrevue avec Paul Arcand, sur les ondes du 98,5.

Le tout nouveau salon de jeux sera situé dans le local actuellement occupé par le restaurant 1909 Taverne Moderne, un très grand établissement de trois étages qui jouxte le Centre Bell et qui est fermé depuis le début de la pandémie.

Une autre condition devra être remplie pour qu’un nouveau salon de jeux de Loto-Québec voit le jour au Centre Bell : le projet devra également entraîner une réduction nette du nombre d’appareils de loterie vidéo.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Eric Girard

C’est ce qu’a indiqué mercredi le ministre des Finances Eric Girard, responsable de Loto-Québec. Il a confirmé que des pourparlers sont en cours entre la société d’État et le propriétaire du Canadien de Montréal sur l’ouverture d’un tel établissement doté de plusieurs centaines de machines à sous et de bornes de paris sportifs, comme l’a révélé La Presse.

« Nous, ça a toujours été clair qu’il y avait deux conditions nécessaires, c’est-à-dire que la Santé publique soit d’accord et deuxièmement, qu’il y ait une réduction nette sur le territoire du nombre d’appareils de loterie vidéo », a-t-il soutenu.

Le projet n’a pas encore été déposé à la Direction régionale de santé publique de Montréal. Le ministre a par ailleurs rappelé que le nombre d’appareils de loterie vidéo a diminué au cours des dernières années au Québec, passant de 15 000 à 9300 aujourd’hui.

Pour Eric Girard, il est important que Loto-Québec « prenne sa place » dans l’univers des paris sportifs tout comme celui du jeu en ligne. Surtout que la société d’État mise sur « le jeu responsable ». « Le jeu va toujours exister, il faut l’encadrer, a-t-il dit. C’est très important, la responsabilité sociale, que ce soit contrôlé, qu’il y ait des mesures d’aide. »

Il y a deux semaines, il disait envisager le dépôt d’une nouvelle loi pour limiter l’accès aux sites illégaux de jeu en ligne après qu’une première tentative du gouvernement précédent n’ait pas passé le test des tribunaux.

L’opposition préoccupée

Le Parti libéral du Québec a demandé à ce que la Commission des finances publiques se saisisse d’un mandat d’initiative pour étudier le projet.

« Nous sommes évidemment inquiets quant à la grande accessibilité de ce site, au cœur du centre-ville de Montréal et du réseau de transport en commun, ainsi que du fait que la consommation d’alcool sur le site pourrait aggraver des comportements de jeu compulsif », a écrit le député libéral de Marguerite-Bourgeoys, Frédéric Beauchemin, dans sa lettre adressée au président de la commission.

Les libéraux souhaitent que les parlementaires entendent notamment les autorités de santé publique quant à l’impact de ce genre de projet sur la santé publique et les problématiques liées au jeu.

« Je trouve que c’est excessivement préoccupant. Puis, quand on me dit : ah bien, ce faisant, on va diminuer l’offre des machines… Moi, je ne pense pas qu’on va diminuer l’offre en aménageant un salon de jeux », a exprimé le chef libéral par intérim, Marc Tanguay.

« La question qu’il faut se poser, c’est : est-ce que c’est de ça dont le centre-ville de Montréal a besoin, des milliers de machines à sous ? Je pense que poser la question, c’est un peu y répondre », a demandé de son côté le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

« Et on a bien hâte d’entendre la Santé publique sur ce dossier-là. Parce que, par le passé, la Santé publique avait sonné l’alarme sur des projets de développement de casinos autour du centre-ville de Montréal en soulignant la présence de populations vulnérables dans ce coin-là, puis en disant que ce n’était peut-être pas l’idée du siècle, là, d’ajouter des mini-casinos comme ça, proche de populations vulnérables », a-t-il ajouté.

« Est-ce qu’on a besoin de plus d’offres de jeux ou de moins d’offres de jeux au Québec ? Vous me voyez venir, la réponse, c’est moins d’offres de jeux. Le Casino de Montréal est à proximité, quand même. […] Moi, j’aimerais qu’on fasse la lutte aux dépendances », a indiqué le député péquiste Pascal Bérubé.

Avec Katia Gagnon