(Québec) Sujet sensible s’il en est un, la question du salaire des députés revient en force au Parlement. À la demande de la Coalition avenir Québec (CAQ) et du Parti libéral du Québec (PLQ), les ex-parlementaires Lise Thériault et Martin Ouellet siégeront avec un spécialiste en ressources humaines à un comité qui aura pour mandat de recommander une hausse du salaire des élus. Québec solidaire (QS) s’oppose à cette démarche.

La whip de QS, Ruba Ghazal, affirme que ce nouveau comité n’est pas indépendant. Lise Thériault, ancienne ministre libérale, et Martin Ouellet, ancien député péquiste, ont quitté les banquettes du Salon bleu depuis quelques mois à peine. Leurs recommandations ne seront pas exécutoires. Les élus voteront au final en faveur des hausses salariales qu’ils pourraient suggérer.

Jeudi, Mme Ghazal a voté contre l’initiative du gouvernement et de l’opposition officielle au Bureau de l’Assemblée nationale (BAN). Ce bureau est essentiellement le conseil d’administration du Parlement. Des élus de la CAQ, du PLQ et de QS y siègent (le PQ est également présent, mais n’a pas droit de vote).

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Martin Ouellet

« Ça fait depuis 40 ans, 50 ans qu’on parle de ça, [le salaire des députés]. Il y a toujours un malaise. Même nous, quand on devient député, on ne comprend pas pourquoi » comment on est rémunéré, a affirmé Mme Ghazal.

« [Ce comité] n’est ni réellement indépendant ni exécutoire. Nous, on a toujours été clairs. La rémunération et l’ensemble des conditions de travail des députés, pas juste [le salaire] à la pièce, doivent être revus et révisés par un comité d’experts indépendants [et que leur rapport] soit exécutoire », a-t-elle ajouté.

Québec se défend

Le whip en chef du gouvernement, Éric Lefebvre, a défendu la démarche imposée par son parti et le PLQ au BAN. « Ça fait 23 ans qu’il n’y a pas eu d’analyses au niveau du salaire annuel des députés. Ce qu’on dit, c’est de tenir compte des avantages présentement que les élus ont et de revoir [leur] salaire annuel », a-t-il dit.

« Il y a eu plusieurs comités qui ont déjà été mis en place et ça n’a jamais abouti. On donne le mandat au comité d’analyser le salaire », a ajouté M. Lefebvre.

Le salaire des députés québécois est un sujet éminemment complexe. L’Assemblée nationale explique que les députés sont rémunérés sous forme d’indemnités et d’allocations, et la liste est longue.

Par exemple, l’indemnité annuelle de base et de 101 561 $, alors qu’on ajoute une indemnité additionnelle pour l’exercice d’une fonction parlementaire de 76 171 $ dans le cas d’un ministre, entre autres. Chaque élu touche aussi une allocation annuelle équivalant à 19 052 $ « après soustraction de l’impôt fédéral sur le revenu ».

À l’automne 2013, un comité consultatif présidé par la juge à la retraite Claire L’Heureux-Dubé avait formulé une trentaine de recommandations aux parlementaires, incluant celle que « l’Assemblée nationale envisage la création d’un comité indépendant permanent doté de pouvoirs décisionnels en matière de conditions de travail des députés ». Cette recommandation n’a pas été suivie.