(Québec) Le gouvernement Legault attend d’ici juin les conclusions d’un groupe de travail sur lequel siège l’ONG internationale Médecins du monde concernant la couverture médicale des migrants à statut précaire, incluant les femmes enceintes qui doivent payer plus de 10 000 $ pour accoucher.

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a affirmé jeudi à l’émission du matin de Radio-Canada à Montréal qu’il espère prendre une décision rapidement, une fois le rapport déposé. Il n’a pas ensuite commenté ce dossier avant ou après la période de questions au Salon bleu.

M. Dubé réagissait à la une de La Presse, jeudi, alors que la journaliste Suzanne Colpron révélait que l’organisation non gouvernementale Médecins du monde est débordé de cas de migrants à statut précaire à Montréal qui n’ont pas accès à une couverture d’assurance médicale en raison de leur statut.

Depuis 2021, les enfants dont les parents sont établis ou ont l’intention de s’établir au Québec pour une période de plus de six mois sont couverts par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), peu importe le statut d’immigration de leurs parents. Or, les femmes qui donnent naissance à ces enfants ne sont pas couvertes pendant leur grossesse. Certaines doivent s’endetter pour accoucher.

« J’étais surprise moi-même ce matin de voir les milliers de femmes enceintes. Je pense qu’il faut examiner ces situations-là », a déclaré la ministre déléguée à la Santé, Sonia Bélanger.

Prévenir le « tourisme obstétrique »

Christian Dubé a pour sa part ajouté à l’émission Tout un matin qu’il fallait également « faire attention » concernant la question délicate du « tourisme obstétrique », c’est-à-dire lorsque des femmes viennent accoucher dans un autre pays où l’assurance maladie est plus avantageuse. Le ministre de la Santé espère que le comité de travail proposera des pistes de solution pour limiter ce phénomène.

Le chef du Parti libéral du Québec (PLQ), Marc Tanguay, croit pour sa part qu’il n’y aura pas de « tourisme de femmes enceintes » si le Québec couvre les soins de santé des femmes migrantes enceintes à statut précaire.

« Il y a une expression qui dit qu’on ne peut pas être à moitié enceinte. On ne peut pas accoucher à moitié non plus. Un bébé, ça vient avec une maman. […] Dans nos bureaux de circonscription, on a des cas comme ça tous les mois, de femmes qui se ramassent avec des factures. Moi, j’en ai vu une récemment [à] 35 000 $. C’est une chaîne de décision qui est néfaste pour la maman et pour le bébé », a également déploré Vincent Marissal de Québec solidaire (QS).

Joël Arseneau du Parti québécois (PQ) souhaite pour sa part que Québec dépose les recommandations du comité de travail en commission parlementaire pour qu’elles puissent être étudiées.