(Ottawa) Les trois principaux partis d’opposition doutent de la sincérité du témoignage de Dominic Barton. L’ex-grand patron de la firme McKinsey a répondu aux questions des députés pendant deux heures mercredi. Il a soutenu qu’il n’avait rien à voir avec la centaine de millions de dollars en contrats fédéraux octroyés à son ancien employeur.

« Je pense qu’il avait des trous de mémoire volontaires et son intérêt c’était tout simplement de faire ses deux heures et de s’en aller chez lui », a déploré jeudi le député conservateur Pierre Paul-Hus.

« Moi, je veux devenir dirigeant de McKinsey, c’est une vie de bonheur. Tu te complais dans l’ignorance et tu vas avoir une pas pire paie », s’est moqué le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.

« Personne ne semble savoir quoi que ce soit alors nous devons aller au fond des choses », a affirmé à son tour le député néo-démocrate de la Colombie-Britannique, Gord Johns. Il réclame que l’enquête en comité parlementaire soit élargie pour inclure d’autres firmes de consultants qui ont obtenu des contrats du gouvernement fédéral comme Deloitte, PricewaterhouseCoopers, KPMG et Ernst & Young.

M. Barton a affirmé à plusieurs reprises lors de son témoignage que, comme gestionnaire mondial de McKinsey, il ne connaissait pas les contrats dans leur fin détail, que son travail pour le gouvernement fédéral comme président du Conseil consultatif en matière de croissance économique n’avait aucun lien avec les contrats que la firme a reçu et qu’il ne connaissait pas personnellement Justin Trudeau.

Les conservateurs avancent que le premier ministre et M. Barton ont des liens d’amitié. « On ne le prétend pas, ce sont des faits, a soutenu M. Paul-Hus. Mme Freeland l’a clairement mentionné lorsque M. Barton a été nommé ambassadeur.

Il fait référence à des propos tenus par la vice-première ministre en 2019, lorsqu’elle était ministre des Affaires étrangères. « Je le connais depuis longtemps, le premier ministre le connaît bien aussi », avait-elle affirmé.

M. Barton avait été nommé ambassadeur du Canada en Chine. Il avait pour mandat de libérer les deux Michael, Michael Kovrig et Michael Spavor, qui ont passé plus de 1000 jours en détention arbitraire là-bas avant d’être libérés en 2021.

Mme Freeland avait aussi indiqué qu’il était important pour mener à bien ce travail « d’avoir quelqu’un qui peut prendre le téléphone n’importe quand pour parler directement au premier ministre ou me parler directement. »

« Quelqu’un qui a cette connexion personnelle et une connexion personnelle construite avec le temps », avait-elle ajouté.

L’ex-grand patron de McKinsey a affirmé qu’il voulait tout simplement « servir son pays » et qu’il s’agissait du « plus grand honneur » de sa vie de pouvoir faire ce travail.

La motion du NPD pour élargir l’enquête doit être débattue lundi. Les libéraux qui siègent au Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de la Chambre des communes se sont montrés favorables mercredi. Le Bloc québécois ne compte pas l’appuyer. Les conservateurs n’ont pas encore fait connaître leur position.