(Québec) Après l’annulation du débat en anglais en raison de l’absence des chefs François Legault et Paul St-Pierre Plamondon, Dominique Anglade demande au consortium de médias anglophones de revenir sur sa décision et propose de tenir l’exercice aussitôt qu’en juin. Une suggestion balayée d’emblée par le cabinet du premier ministre.

La cheffe du Parti libéral du Québec (PLQ) a écrit vendredi au consortium de médias anglophones (CBC, CTV, Global et CJAD) pour qu’il revienne sur sa décision d’annuler le débat des chefs en anglais lors de la campagne électorale de l’automne 2022.

« La participation des chefs aux débats préélectoraux permet de donner la chance à tous les partis de débattre de leurs priorités, ainsi que de faire valoir leurs idées, leurs projets, leurs ambitions et leurs engagements quant aux enjeux qui nous concernent tous », fait valoir Mme Anglade dans sa lettre qu’elle a publiée sur les médias sociaux, vendredi.

La cheffe libérale y va d’une « solution alternative » en proposant que le débat se tienne entre juin et le jour du vote, le 3 octobre prochain pour « que l’ensemble des chefs aient le temps adéquat pour s’y préparer ». Il n’est pas la norme qu’un tel exercice se tienne avant le déclenchement des élections. L’Assemblée nationale poursuit d’ailleurs ses travaux jusqu’au 10 juin.

« Au Parti libéral du Québec, nous croyons que le choix politique doit être fait de la manière la plus informée. Nous avons le devoir de nous engager de manière équitable auprès de tous les électeurs et électrices du Québec qui doivent être traités également », ajoute la cheffe dans sa missive.

L’intervention de Dominique Anglade n’est pas sans rappeler que sa formation tente de calmer la grogne d’une partie de son électorat d’expression anglaise, qui dit ne plus se reconnaître dans le PLQ. Deux formations politiques de défense des communautés anglophones ont vu le jour depuis quelques semaines. Mme Anglade milite également ouvertement contre le projet de loi 96 sur la protection du français.

Le cabinet de Legault dit non

La proposition a rapidement été rejetée par le cabinet de premier ministre François Legault qui accuse Mme Anglade de vouloir « faire la campagne électorale avant la campagne électorale ».

« On ne rentrera pas dans son jeu. Mme Anglade semble l’oublier, ce qui est peu surprenant vu qu’elle n’appuie pas le projet de loi 96, mais la langue commune et officielle au Québec c’est le français. M. Legault débattra en français lors de la campagne électorale. Le Québec n’a pas une très longue tradition quant à la tenue de débats en anglais. On voit que la priorité pour le Parti libéral est de changer cette tendance. C’est dommage », a écrit le cabinet de M. Legault, vendredi.

Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, s’explique pour sa part mal la sortie de la cheffe Dominique Anglade affirmant que des discussions ont lieu avec au moins un autre média anglophone pour tenir un débat pendant la campagne sans M. Legault. M. Duhaime en avait fait état à La Presse Canadienne il y a quelques jours et avait lancé l’invitation à Mme Anglade, qui a dit être partante sur Twitter. « Un débat se tient en campagne électorale », a-t-il ajouté, réagissant vendredi à la proposition la cheffe du PLQ.

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Il y a une semaine, le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, et le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon ont décliné l’invitation du consortium de médias anglophones au débat médiatique dans la langue de Shakespeare. Les deux chefs ont assuré qu’ils répondraient aux questions des journalistes en anglais tous les jours.

M. Legault a évoqué la lourdeur de la préparation à un débat lors d’une campagne électorale alors qu’il a déjà accepté deux débats en français, les traditionnelles joutes organisées par TVA et Radio-Canada. Le chef péquiste a aussi indiqué qu’il n’y participerait pas, mais pas pour les mêmes raisons, plaidant que « la langue officielle et commune au Québec est le français ».

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François Legault et le chef du Parti québécois de l’époque, Jean-François Lisée, avaient accepté de se prêter à l’exercice en 2018. Il s’agissait du premier débat en anglais depuis 1985.

Avec La Presse Canadienne