(Québec) Il n’y a pas que les plus démunis qui sont frappés par l’inflation : les infirmières, les enseignants et les députés y goûtent aussi, affirme le gouvernement Legault, qui défend la portée très large de son chèque de 500 $ pour 6,4 millions de Québécois, une mesure de 3,2 milliards.

« Les oppositions auraient préféré qu’on donne le chèque seulement aux plus démunis. […] Trop souvent, on oublie la classe moyenne, et ce n’est pas vrai que les gens qui gagnent plus de 40 000 ou 50 000 $ par année n’ont pas été affectés par l’inflation », a lancé le premier ministre François Legault en mêlée de presse, mercredi.

Certains députés à l’Assemblée nationale recevront donc également, à titre de contribuable, un chèque de 500 $ grâce au budget du gouvernement. M. Legault a défendu une fois de plus cette mesure, répétant que « ce soit une infirmière qui gagne 85 000 $, un enseignant ou un député, ces personnes-là ont été affectées par l’inflation ».

En chambre, il a échangé des passes d’armes avec les partis de l’opposition pour défendre la mesure phare du budget Girard, présenté la veille. Tous les adultes ayant un revenu annuel de 100 000 $ et moins, après déductions fiscales, y auront droit. Seuls 400 000 contribuables n’auront pas droit au chèque de 500 $.

Puisqu’ils privilégieraient une mesure davantage ciblée pour aider les personnes à faible revenu, François Legault accuse le Parti libéral, Québec solidaire et le Parti québécois d’oublier « toute la classe moyenne ». « Ça veut dire que toutes les personnes qui gagnent entre 50 000 $ puis 100 000 $, selon Québec solidaire, ce sont des riches qui ne sont pas affectés par l’inflation. C’est ça que Québec solidaire vient dire : aidons seulement ceux qui gagnent moins de 50 000 $ […]. Ce n’est pas le choix de notre gouvernement », a-t-il lancé.

Les députés aussi victimes de l’inflation

Le caquiste Simon Allaire, député de Maskinongé et adjoint parlementaire de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, ne sait pas s’il aura droit au chèque, mais il défend toutefois la mesure. Depuis le 1er avril 2021, les élus de l’Assemblée nationale reçoivent une indemnité annuelle de base de 95 704 $. Sa fonction lui confère une prime qui gonfle son indemnité à 114 845 $, mais des déductions fiscales pourraient lui permettre de réduire son revenu net.

Qu’il reçoive ou non les 500 $, M. Allaire croit tout de même être lui-même une victime de l’inflation. « Oui, comme tout le monde, sans aucun doute », a-t-il dit. S’il empoche le chèque, ça pourra l’aider à « payer l’ensemble des dépenses ».

Des députés de l’opposition ne voient pas la chose du même œil. La députée de Québec solidaire Ruba Ghazal « n’en a pas besoin ». « J’ai hâte de savoir tout ce que tous les députés qui vont le recevoir vont faire avec. Et les Québécois aussi seraient bien, bien curieux. Mais moi, je serais prête à le donner », a-t-elle dit.

« Est-ce qu’une famille à 200 000 $ a vraiment besoin de 1000 $ ? Qu’est-ce qu’elle va faire avec ça, de plus, alors qu’il y a des gens qui doivent couper dans leur épicerie, qui doivent manger des fruits surgelés parce qu’ils sont incapables de manger des fruits frais, on oublie la viande, les loyers ? », a-t-elle déploré.

Mal ciblées

Même discours au Parti libéral. « S’il y a des députés qui vont recevoir le 500 $, ça vous dit comment les mesures sont mal ciblées. Est-ce qu’il est normal qu’une famille qui gagne 40 000 $, qui est monoparentale, reçoive le même montant qu’une famille qui gagne presque 200 000 $ ? Non, ce n’est pas normal », a lancé la cheffe Dominique Anglade.

Au Parti québécois, on estime que la mesure coûte cher et est mal ciblée. « On a donné 500 $ à des familles qui ne sont pas dans le besoin et, simultanément, on n’a pas investi pour la crise du logement, on n’a pas investi en logement social, on n’a pas investi en soins à domicile pour les aînés, on n’a pas mis le budget qu’on aurait pu mettre pour s’assurer que nos tout-petits, également, ont des places en CPE, des places de qualité », a dénoncé le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, qui suggère aussi de faire un don avec la somme de 500 $.

Son collègue Martin Ouellet croit la même chose. Comme leader parlementaire, il n’y aura pas droit. « Mais j’aurais fait un chèque, je n’en ai pas besoin, de cet argent-là », a-t-il dit.