(Québec) Le déficit structurel du Québec sera inférieur à 3 milliards grâce à la bonne performance de son économie en 2021, a annoncé le ministre des Finances, Eric Girard, à la veille du dépôt de son budget.

« Il y a 12 mois, au budget 2021-2022, nous avions estimé le déficit structurel à plus de 6 milliards. Ça a fondu de moitié », s’est félicité M. Girard lundi alors qu’il présentait aux médias ses nouvelles chaussures, une vieille tradition politique. Son budget sera déposé ce mardi.

Chaussé de souliers de course New Balance, « légers et performants », M. Girard a expliqué que le déficit structurel – causé par les dépenses récurrentes qui vont se maintenir après la pandémie – sera inférieur à 3 milliards. Il avait déjà réajusté la cible en planifiant un déficit structurel de 4 milliards en novembre dernier lors de son minibudget.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Eric Girard, ministre des Finances du Québec

Il explique la situation par une performance « exceptionnelle » de l’économie québécoise, qui a inspiré l’achat de ces souliers « que vous voulez porter la fois où vous voulez courir vite », a-t-il dit. Le Québec, a-t-il souligné, a d’ailleurs battu de vitesse le Canada, les États-Unis et l’Ontario, l’éternel compétiteur et cible favorite du premier ministre François Legault. Cet essor a d’ailleurs permis à la province d’afficher un surplus de 2 milliards de dollars après sept mois d’exercice financier.

Malgré ces bonnes nouvelles, M. Girard n’a pas l’intention de devancer la date prévue de l’atteinte du déficit zéro.

L’objectif est que le retour à l’équilibre se fasse avec le moins d’efforts possible, c’est-à-dire que la transition soit la plus douce possible. On garde l’objectif 2027-2028.

Eric Girard, ministre des Finances du Québec

« Il faut être conscient qu’on est dans un contexte d’incertitude. On a un cadre financier prudent lorsqu’on dit 2027-2028, il est possible qu’on atteigne l’équilibre une ou deux années avant. Mais il y a quand même un haut degré d’incertitude : pandémie, invasion de l’Ukraine par la Russie », a-t-il expliqué aux journalistes

Il estime à une chance sur quatre la probabilité qu’une récession frappe le Québec dans la prochaine année. « Avec l’incertitude, la probabilité d’un scénario plus difficile a augmenté », a dit le ministre. Si ce n’est pas une récession, ce pourrait être un « ralentissement économique » plus abrupt que prévu.

Des chèques pour contrer l’inflation

M. Girard a profité du point de presse pour réitérer son intention de verser une aide d’urgence aux Québécois pour les aider à surmonter la hausse du coût de la vie. Il rappelle que la prestation exceptionnelle « qui compensait l’inflation » en 2021 avait été donnée à 3,3 millions de Québécois dont le revenu est plus faible et qui ont droit au crédit d’impôt solidarité. Cette fois-ci, davantage de citoyens recevront un chèque : « on regarde pour une mesure d’application plus générale », a-t-il dit, sans préciser qui exactement pourra en bénéficier.

Les plus riches y auront-ils droit ? Il n’a pas souhaité répondre à la question. Mais si la question du chèque envoyé aux Québécois retient l’attention dans ce budget, il ne faut surtout pas y voir une tentation électoraliste, a dit le ministre. Il est « au service » des Québécois, et livrera un plan « responsable » avec des mesures « pour les principales missions de l’État : la santé, l’éducation, l’économie et l’environnement ». La hausse du prix du carbone permet d’ailleurs à Québec d’engranger davantage de revenus dans son Fonds d’électrification et de changements climatiques, ce qui lui donnera la possibilité de financer davantage de mesures environnementales.