(Québec) La cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade, a reçu une plainte écrite de harcèlement psychologique contre la députée Marie Montpetit, en plus d’avoir été mise au courant d’allégations de même nature et d’intimidation à son sujet, a appris La Presse, qui a obtenu des témoignages de présumées victimes. C’est ce qui explique en partie sa décision subite, samedi, de lui retirer son poste de porte-parole en matière de santé.

Officiellement, le Parti libéral a justifié la décision en s’appuyant uniquement sur la controverse de la semaine dernière, le fameux tweet de la députée de Maurice-Richard qui critiquait l’attitude de son collègue Gaétan Barrette – ce dernier a perdu lui aussi ses responsabilités dans l’affaire. Mais la plainte et les nombreuses allégations dont Dominique Anglade a pris connaissance jeudi dernier ont pesé lourd dans la balance.

D’après nos informations, la cheffe savait que cette affaire risquait de sortir dans les médias d’une journée à l’autre.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral du Québec, et Marie Montpetit

La Presse a recueilli les témoignages de quatre personnes alléguant que Marie Montpetit les a harcelées psychologiquement. Il s’agit d’employés politiques qui ont travaillé avec elle dans l’opposition, mais aussi au moment où elle était ministre de la Culture et des Communications à la fin du mandat du gouvernement Couillard. Une autre source a confirmé que les autorités du parti avaient été informées de comportements répréhensibles et de paroles inacceptables de la part de la députée à l’égard du personnel politique au cours des derniers mois. Ces personnes ont requis l’anonymat par crainte de représailles ou de peur de nuire à leur carrière.

Selon les témoignages, Mme Montpetit aurait, par exemple, dénigré des employés, les aurait traités d’incompétents, leur aurait crié par la tête et leur aurait adressé la parole en sacrant. Il s’agirait d’actes répétés et non d’incidents isolés, toujours d’après les sources consultées.

La cheffe libérale a pris connaissance d’allégations de harcèlement psychologique et d’intimidation concernant Mme Montpetit jeudi, au lendemain du tweet controversé de la députée. Elle a reçu une plainte écrite le même jour. Elle a rencontré l’ensemble des employés pour les inviter à porter plainte ou à dénoncer tout acte répréhensible, toujours selon nos informations.

« Tolérance zéro »

La plainte obtenue au Parti libéral devait être transmise au département de l’Assemblée nationale qui s’occupe de traiter ce genre de situations. En vertu de la politique de prévention du harcèlement de l’Assemblée nationale adoptée en 2015, une firme externe évalue la recevabilité d’une plainte, provenant d’un employé de cabinet, d’un élu ou encore d’un membre du personnel du Parlement, et déclenche une enquête au besoin.

Marie Montpetit a répondu par écrit à La Presse : « J’ai toujours placé le respect au cœur de mes relations professionnelles. Je vais prendre connaissance des allégations et j’ai l’intention de collaborer activement à toute enquête ou vérification afin de rétablir les faits et ainsi défendre ma réputation. »

Au cabinet de la cheffe libérale, le directeur des communications, Jeremy Ghio, s’est limité à une réaction écrite en réaction aux allégations visant la députée.

Le harcèlement et l’intimidation au travail, c’est tolérance zéro au sein de notre formation.

Jeremy Ghio, directeur des communications de la cheffe de l’opposition officielle, par écrit

« Nous avons le devoir d’offrir à tous nos employé.e.s un milieu de travail sain et sécuritaire. Lorsque des allégations sérieuses sont formulées, nous suivons le processus de l’Assemblée nationale, les rencontres et les gestes appropriés sont posés, a ajouté M. Ghio. Tous ceux et celles qui vivent et/ou témoignent d’une telle situation sont écouté.e.s et sont encouragé.e.s à la dénoncer via le processus de l’Assemblée nationale et/ou à n’importe quel membre de l’équipe de direction de l’aile parlementaire libérale. Par ailleurs, l’ensemble du processus est strictement confidentiel. »