(Salaberry-de-Valleyfield) Des élus du Parti québécois (PQ) ont émis des notes discordantes sur la laïcité, jeudi. Le chef par intérim Pascal Bérubé a assuré que les positions du parti restent les mêmes, alors que son leader parlementaire Martin Ouellet a affirmé que ce débat a «déchiré» les Québécois et qu’il faut «passer à autre chose».

Les députés péquistes étaient réunis à Salaberry-de-Valleyfield pour préparer la session parlementaire. M. Ouellet, meneur des troupes au Salon bleu, a laissé entrevoir un changement de cap majeur sur l’explosive question des signes religieux.

«Pour nous, ce débat a eu lieu, a-t-il dit. On est capables d’avancer sur autre chose qu’exclusivement ce qui nous a déchirés pendant les 10 dernières années.»

Mercredi, la direction du parti a publié une «déclaration de principes» qui vise à replacer l’indépendance au cœur de son action politique. On y trouve quatre principes fondateurs : liberté, justice et équité, nationalisme, ainsi que protection de l’environnement.

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Martin Ouellet et Pascal Bérubé.

Le parti a également promis un ton moins négatif et «revanchard» que par le passé.

Selon M. Ouellet, c’est dans cet esprit que le PQ doit tourner le dos au débat sur les signes religieux.

«Lorsqu’on parlait de l’importance de l’identité et de la culture, et des valeurs qu’on a mis [de l’avant], vous avez rapidement compris que la laïcité n’en faisait pas partie», a-t-il dit.

«Pour nous, il est temps de passer à autre chose», a-t-il ajouté.

Position inchangée

Peu après, le chef par intérim du PQ, Pascal Bérubé, a assuré que le parti reste favorable à la Loi sur la laïcité de l’État. Cette pièce législative, adoptée sous bâillon en juin, vise à interdire le port des signes religieux aux fonctionnaires en position d’autorité et aux enseignants.

Le parti souhaite toujours que la loi soit élargie pour cibler les éducatrices en garderie et les écoles privées, a ajouté le leader péquiste.

«Notre position n’a pas changé là-dessus, a dit M. Bérubé. Elle était bonne à la mi-juin, elle est encore bonne aujourd’hui.»

En revanche, a-t-il indiqué, le PQ ne militera pas activement pour une nouvelle loi sur la laïcité d’ici aux prochaines élections.

«Pour ce mandat, la pièce législative importante, elle a été adoptée, on en est solidaires, a dit M. Bérubé. Elle va vivre. On ne va pas proposer d’autres initiatives pendant le mandat.»

Plusieurs groupes ont annoncé leur intention de contester la mesure devant les tribunaux. M. Bérubé assure qu’il sera prêt à monter au front pour défendre la loi ainsi que le droit des élus québécois de légiférer sur la question.

Le français d’abord

Le PQ placera le français à la tête de ses priorités lors de la rentrée parlementaire, dans deux semaines. Il a remis de l’avant sept mesures de son programme, dont l’élargissement de la loi 101 pour y assujettir les entreprises de moins de 50 employés et les entreprises à charte fédérale comme les banques.

Le parti souhaite aussi rendre obligatoires les démarches de francisation des immigrants. Il se dit favorable à ce que les récalcitrants se voient imposer des « sanctions ».

Lesquelles? M. Bérubé n’a pas voulu préciser.

«On n’est pas rendus à ce degré de définition, a-t-il dit. Sanctions, je m’arrête là.»

François Legault a annoncé mercredi que son leader parlementaire, Simon Jolin-Barrette, sera désormais responsable de la langue française. Le premier ministre a dit vouloir faire de cet enjeu une priorité dans les prochains mois. Le chef par intérim du Parti libéral, Pierre Arcand, s’est dit ouvert à rouvrir la loi 101 afin de la renforcer.

Le troisième lien, projet «insensé»

La présence du bar rayé sur le tracé du futur «troisième lien» à Québec est une nouvelle preuve que ce projet est «insensé», a dénoncé le Parti québécois. Selon une étude de Pêches et Océans Canada révélée par La Presse, les battures de Beauport et le chenal nord de l’île d’Orléans sont un habitat important pour ce poisson, qui est considéré comme en voie de disparition dans le fleuve Saint-Laurent.

Aux yeux du député péquiste Sylvain Gaudreault, la présence du bar rayé est un argument supplémentaire contre la construction d’un nouveau lien routier entre Québec et Lévis. «Le gouvernement Legault s’en va tête baissée dans un projet insensé et l’enjeu du bar rayé est un élément de plus qui vient démontrer ça», a-t-il dit.

Une commission d’enquête sur la police?

Le gouvernement Legault devrait envisager une commission d’enquête pour faire la lumière sur l’état de la police au Québec, a indiqué Pascal Bérubé. La Presse a rapporté mercredi qu’un quatrième policier de la Sûreté du Québec a été réaffecté depuis que le Bureau des enquêtes indépendantes se penche sur les fuites médiatiques à l’Unité permanente anticorruption (UPAC) et sur sa manière d’enquêter sur le député Guy Ouellet.

Puis, jeudi, Le Journal de Montréal a rapporté qu’une officière de haut rang est soupçonnée d’avoir faussement orienté l’enquête qui a mené à l’arrestation de l’élu. «Je me pose la question si, 20 ans après la commission Poitras, on ne devrait pas tenir un grand exercice sur la police au Québec et ses rapports avec le pouvoir», a indiqué M. Bérubé.