(Ottawa) Les habitants de Yellowknife, l’une des principales villes du Grand Nord canadien, ont reçu l’ordre d’évacuer d’ici vendredi midi en raison de l’avancée rapide des incendies de forêt, ont indiqué les autorités locales.

« Malheureusement, la situation des incendies de forêt tourne au pire avec un brasier à l’ouest de Yellowknife qui représente une véritable menace », a déclaré mercredi soir Shane Thompson, ministre de l’Environnement des Territoires du Nord-Ouest en ordonnant l’évacuation des 20 000 résidents de cette ville.

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Selon l’agent d’information sur les incendies Mike Westwick, le feu pourrait atteindre la périphérie de Yellowknife d’ici la fin de semaine s’il ne pleut pas.

Près de 168 000 personnes ont dû être évacuées au Canada depuis le début d’une saison qui, avec actuellement 230 feux actifs, bat tous les records et accable ces jours-ci les Territoires du Nord-Ouest, région nordique deux fois plus grande que la France métropolitaine.

Séparés de plusieurs centaines de kilomètres les uns des autres, les villages de la région sont « particulièrement difficiles » à évacuer par voie terrestre, expliquait plus tôt cette semaine Mike Westwick, du service des feux territorial, précisant qu’un contingent de l’armée canadienne était déployé pour faciliter des évacuations aériennes.

Le feu à 17 km

Shane Thompson a demandé à la population de quitter Yellowknife par les airs ou la route, avant vendredi midi, alors que le feu faisait rage à seulement 17 kilomètres de la ville. Il n’y a qu’une seule autoroute ouverte conduisant vers le sud.  

« La ville ne fait pas face à un danger immédiat […] mais sans pluie, il se peut que le brasier gagne les environs de la ville ce week-end », a déclaré M. Thompson lors d’une conférence de presse.  

« Si vous restez jusqu’au weekend, vous risquez de vous mettre en danger et de mettre en danger les autres », a-t-il ajouté.  

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Des pelles mécaniques s’affairent à protéger la ville en créant une zone tampon pour freiner l’incendie.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau a indiqué mercredi que les forces armées étaient toujours déployées pour porter assistance à la population des Territoires du Nord-Ouest.

« Nous allons continuer de vous fournir les ressources nécessaires » et « apporter toute l’aide possible », a-t-il écrit sur le réseau X.  

Habitant une municipalité de quelque 2250 personnes actuellement sous ordre d’évacuation, Jordan Evoy, 28 ans, espérait quitter son domicile en voiture pour se réfugier en Alberta, province mitoyenne, mais un important incendie de forêt l’a obligé lundi à rebrousser chemin et fuir par avion militaire.

« Engloutie par les flammes »

« Je ne pouvais rien voir devant moi […] Il n’y avait plus de réseau, donc aucun moyen de savoir où j’étais, c’était encore plus angoissant », explique-t-il à l’AFP.  

M. Evoy craignait que les pneus de son camion ne « fondent » sous la chaleur. « L’autoroute était engloutie par les flammes, c’était le moment le plus effrayant de ma vie », a-t-il commenté.

La province voisine de la Colombie-Britannique, elle aussi durement frappée par les incendies de forêt, a enregistré cette semaine des températures au-dessus des 40 degrés Celsius, une première cette année au Canada, selon le ministère de l’Environnement.     

Dans la ville de Lytton, il a fait 41,4 degrés lundi. Il y a deux ans, la ville avait été ravagée par les flammes dans les jours qui avaient suivi un « dôme de chaleur » de 49,6 degrés, un record pour le pays.

Le Canada, qui de par sa situation géographique se réchauffe plus vite que le reste de la planète, est confronté ces dernières années à des évènements météorologiques extrêmes dont l’intensité et la fréquence sont accrues par le réchauffement climatique.