Christopher McComber a été quelques mois sans domicile fixe à Montréal. Juste assez longtemps pour apprécier à sa juste valeur l’appartement où il a emménagé en octobre dans le quartier Rosemont.

« Après le temps passé dans la rue, chaque matin en me levant, je me dis que je suis chanceux », raconte ce grand gars de 21 ans, rencontré cette semaine dans les locaux de l’organisme Dans la rue, où il occupe maintenant un emploi.

C’est grâce aux intervenants de l’organisme si Christopher a réussi à se prendre en main et qu’il a maintenant un projet précis : suivre une formation pour devenir monteur d’acier, dès mars prochain.

Mais il y a un an, le jeune homme nageait dans l’incertitude.

Tout a commencé par une tendinite, qui l’a empêché de garder son emploi, à Drummondville, où il sablait des pièces de bois. Plutôt que d’aller voir un médecin afin de pouvoir toucher des prestations, il a simplement cessé de travailler. Sans argent, il ne pouvait plus payer le loyer de sa chambre en colocation.

Errance à Montréal

Il est débarqué à Montréal en janvier, sans connaître qui que ce soit, sans endroit où rester. En le voyant assis seul sur un banc de parc, des policiers l’ont dirigé vers un refuge pour les jeunes sans-abri. Puis, il a commencé à fréquenter le centre de jour de Dans la rue, que tous désignent comme étant « chez Pops », du nom de son défunt fondateur, le père Emmett Johns, dit Pops.

« Tout le monde sait que c’est chez Pops qu’ils servent la meilleure cuisine. Quand on arrive ici, on prend toujours une couple de livres », témoigne Christopher.

« Notre philosophie, c’est l’accueil inconditionnel », explique Mirlande Myrand, directrice adjointe à l’intervention de Dans la rue. « Au début, les jeunes viennent pour manger, et ça permet aux intervenants d’avoir un premier contact avec eux. »

Ensuite, à leur propre rythme, les jeunes peuvent participer à des activités et entreprendre des démarches d’employabilité ou de relogement. Comme l’a fait Christopher.

« Les intervenants sont super efficaces, ils te font une liste de choses à régler », raconte-t-il.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Christopher McComber occupe un emploi à l’organisme Dans la rue.

Quand tu ne connais pas ça, toutes les démarches gouvernementales semblent super compliquées, pour avoir une carte d’assurance maladie ou de l’aide sociale, par exemple. Ça prend quelqu’un derrière toi pour t’aider.

Christopher McComber

Le jeune homme n’avait besoin que d’un coup de pouce pour retomber sur ses pieds.

En mars, il a commencé à travailler à Dans la rue. Il trie les dons de vêtements et de produits d’hygiène et prépare les hot-dogs qui seront distribués dans le quartier par l’autobus de l’organisme, notamment.

Magasinage difficile

L’automne dernier, il a été accepté dans le programme de soutien au logement (PSL), qui permet à un locataire de ne payer que 25 % de son revenu en loyer, alors que le reste est assumé par le gouvernement. Il s’est lancé à la recherche d’un appartement, en tentant de convaincre les propriétaires de participer au programme.

J’ai visité 30 ou 40 logements et aucun ne m’a accepté. Comme ils ont le choix, ils vont prendre quelqu’un avec un meilleur profil.

Christopher McComber

« On ne peut pas faire grand-chose pour sortir les gens de la rue s’il n’y a pas de logements disponibles », ajoute Isabelle Rochon-Goyer, intervenante de liaison et d’accompagnement. « Pour les jeunes prestataires de l’aide sociale, qui ont parfois des contraintes sévères à l’emploi, la prestation ne couvre même pas le coût de base du loyer. »

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Isabelle Rochon-Goyer, intervenante de liaison et d’accompagnement

Dans le cas de Christopher, c’est finalement l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) qui lui a trouvé un appartement. Grâce au PSL, il a aussi droit à une allocation pour l’achat de meubles.

« On aime penser qu’on est comme un filet de sécurité pour les jeunes, pour qu’ils ne s’accrochent pas les pieds dans l’itinérance », conclut Mirlande Myrand.