Les infrastructures existantes ne peuvent pas absorber un doublement du nombre de contenants consignés

Les détaillants en alimentation s’inquiètent des retards dans le déploiement de la phase deux de l’élargissement de la consigne sur les contenants de boissons et attendent de pied ferme le plan que l’Association québécoise de récupération des contenants de boissons (AQRCB) doit leur présenter jeudi.

« Ce qui nous fait très peur, c’est le statu quo », une situation dans laquelle les commerçants devraient absorber le doublement du nombre des contenants consignés dans les infrastructures existantes », a déclaré à La Presse Pierre-Alexandre Blouin, président-directeur général (PDG) de l’Association des détaillants en alimentation du Québec.

Les lieux consacrés au retour des contenants que tarde à ouvrir l’AQRCB sont une « méthode beaucoup plus efficiente que [les] vestibules » des commerces, estime M. Blouin, qui qualifie son niveau de préoccupation de très élevé.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

L’AQRCB se dit incapable de préciser combien de lieux de retour sous sa responsabilité seront ouverts le 1er mars 2025.

« J’espère qu’ils vont implanter beaucoup de sites, sinon c’est nous qui allons devoir le faire », dit-il, ajoutant que le temps commence à manquer, parce que l’aménagement des commerces nécessite des permis et des démarches avec les « services d’ingénierie des bannières » auxquelles les détaillants sont affiliés.

On espère [que l’AQRCB a] le même sentiment d’urgence que nous.

Pierre-Alexandre Blouin, PDG de l’Association des détaillants en alimentation du Québec

Pour parer à toute éventualité, l’Association des détaillants en alimentation du Québec et le Conseil canadien du commerce de détail ont lancé en février un « appel d’intérêt pour la gestion de lieux de retour de contenants consignés » auprès des entreprises d’économie sociale et coopératives à but non lucratif afin d’identifier d’éventuels partenaires.

La chaîne de magasins d’articles usagés Renaissance a confirmé à La Presse sa volonté de répondre à l’appel, disant vouloir mettre au bénéfice de la consigne élargie son parc de camions, son réseau de distribution et ses partenaires pour le recyclage des matières.

Éviter un nouveau report

Il est « préoccupant » que le déploiement du nouveau système ne soit pas plus avancé, à moins d’un an de son entrée en vigueur, estime Amélie Côté, analyste en réduction à la source chez Équiterre.

« Il faut s’assurer que les points de dépôt soient organisés, testés et ajustés pour être en mesure de recevoir la quantité et la diversité de contenants qui vont y être apportés [le 1er mars 2025] », a-t-elle déclaré.

La date butoir va arriver rapidement et on ne peut pas se permettre de manquer le bateau et de reporter encore une fois la mise en œuvre de la consigne élargie.

Amélie Côté, analyste en réduction à la source chez Équiterre

La crainte d’un nouveau report de l’élargissement de la consigne est partagée par Karel Ménard, directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets.

« On n’aura pas une deuxième chance d’élargir la consigne aux bouteilles de vin et aux bouteilles d’eau, c’est ça l’enjeu », a-t-il déclaré à La Presse, disant avoir « l’impression que ça n’avance pas comme ça devrait avancer ».

Karel Ménard partage les préoccupations de détaillants, estimant que leurs magasins n’ont pas été conçus pour récupérer tous les contenants de boissons qui seront consignés le 1er mars 2025.

« Il faudrait vraiment [que l’AQRCB] accélère la cadence », dit-il.

Il est encore temps d’ajuster le tir, croient Karel Ménard et Amélie Côté, cette dernière ajoutant qu’il faudrait aussi en profiter pour revoir le montant de la consigne sur certains contenants, qu’elle juge trop faible, et accorder une plus grande place aux contenants réutilisables, qui sont à son avis les grands oubliés de cette réforme.