Malgré l’ampleur de son empire commercial, Luftar Hysa n’a pratiquement jamais fait parler de lui au Québec depuis qu’il s’est installé dans l’île de Montréal, en 2003. Au registre des entreprises, il est inscrit comme dirigeant de quatre entreprises : deux de jeux de hasard, une d’alimentation et une société de gestion.

Dès 2004, il est devenu représentant officiel d’une entreprise mexicaine active dans le domaine du divertissement, et a commencé à multiplier les séjours au Mexique, selon un dossier d’affaires qu’il a déposé lui-même à la Cour fédérale du Canada.

Ses entreprises se sont révélées florissantes : en plus de ses activités au Mexique, au Canada et en Albanie, il est copropriétaire d’un casino au Belize, petit pays voisin du Mexique.

À Montréal, il est représenté par MConstantine Kyres, l’ancien chef du groupe de fiscalité au bureau montréalais du prestigieux cabinet Dentons, qui a agi comme répondant et point de contact pour plusieurs de ses entreprises.

Entreprises « rentables » et « lucratives »

En 2008, Luftar Hysa a acheté la propriété du défunt père de MKyres à Mont-Royal afin d’y ériger une somptueuse nouvelle demeure évaluée aujourd’hui à 4,2 millions de dollars. Selon la dénonciation de la GRC, il possède une Rolls-Royce Cullinan 2019, une Mercedes Metris 2016, une Porsche Panamera 2014 et une Mercedes C450 2016. En 2021, Revenu Québec a réclamé à l’homme d’affaires et à sa conjointe plus de 100 000 $ chacun en impôts impayés.

Dans une entrevue à la télévision albanaise l’an dernier, M. Hysa a déclaré posséder plus de dix entreprises « partout au Mexique », qui se révèlent « très rentables et très lucratives ».

« Nos activités sont les jeux de hasard, les restaurants, les bars », expliquait-il. Il niait tout lien avec les cartels et disait ne jamais avoir rencontré « El Mayo ».

Je dirige des entreprises légitimes, je fais les choses comme la loi le permet et les seuls atouts que je possède sont mon charisme et mon intelligence.

Luftar Hysa, dans une entrevue à la télévision albanaise

Il expliquait dans l’entrevue être citoyen à la fois de l’Albanie et du Mexique. Selon lui, sa femme et ses enfants ont obtenu leur citoyenneté canadienne, ce qui était impossible pour lui, puisqu’il ne pouvait pas détenir trois citoyennetés.

Or, selon la loi, il est bien possible d’être citoyen du Canada, du Mexique et de l’Albanie tout à la fois. M. Hysa a d’ailleurs présenté une demande en ce sens. Elle a toutefois été refusée par le juge de citoyenneté sous prétexte que M. Hysa passait trop de temps au Mexique et n’avait pas démontré un attachement suffisant au Canada.