Trois Québécois qui dirigeaient l’un des plus gros réseaux de production de GHB au pays ont échoué mercredi à retirer leur plaidoyer de culpabilité. Deux d’entre eux pourraient payer gros leur volte-face, puisque la Couronne veut maintenant saisir leur maison.

« Ils étaient pleinement conscients de leur décision et assumaient pleinement leur choix d’enregistrer des plaidoyers de culpabilité. […] Il n’y a aucune raison de les autoriser à retirer leur plaidoyer de culpabilité », a conclu mercredi la juge Kathlyn Gauthier au palais de justice de Saint-Jérôme.

Dans cette affaire, Sébastien Turcotte, Éric Matte et Jean-Philippe Robitaille ont reconnu leur culpabilité en lien avec la production et la distribution de GHB en novembre dernier. Leur laboratoire de Terrebonne pouvait produire des millions de doses de cette « drogue du viol ». Ils devaient écoper entre cinq à sept ans de détention en vertu d’une suggestion commune de la Couronne et de la défense.

Mais début janvier, les trafiquants ont fait volte-face, alors qu’ils devaient amorcer leur peine. Ils ont congédié leurs avocats et ont demandé le retrait de leur plaidoyer de culpabilité. Un juge les a quand même envoyés en prison. Essentiellement, les trois hommes contestaient la validité des certificats d’analyse de Santé Canada, lesquels confirment que la drogue saisie était du GHB.

Cinq mois et de nombreuses audiences plus tard, la juge Gauthier a tranché : les trois accusés ont plaidé coupable de façon libre et volontaire. D’ailleurs, la défense avait négocié des « gains importants » en s’entendant avec la Couronne sur des accusations réduites, a souligné la juge.

De plus, la défense ne peut se dire victime d’une violation de ses droits à la suite d’une décision tactique de sa part. « Les requérants ont choisi de ne pas contester la méthode d’analyse de Santé Canada et ne peuvent maintenant faire marche arrière et adopter une nouvelle stratégie avec de nouveaux avocats », soutient la juge Gauthier.

Les reproches des accusés à l’égard de leurs anciens avocats sont « dénuées de fondement », selon la juge.

En principe, les peines de 5 à 7 ans de détention sur lesquelles les parties se sont entendues l’an dernier tiennent toujours en principe, à moins que la défense décide de se dégager de l’entente. Le cas échéant, la Couronne pourrait alors réclamer des peines plus sévères.

Mercredi, le procureur de la Couronne MSteve Baribeau a déclaré à la juge avoir l’intention de réclamer la confiscation entière des maisons des accusés Matte et Turcotte comme biens de la criminalité. Également, la Couronne demande de calculer à temps simple les jours de détention préventive purgés par les accusés depuis le dépôt de leur requête en retrait de plaidoyer (au lieu de temps et demi).

« Le procès va se faire au stade de la détermination de la peine », a alors répondu, sibyllin, MSamuel Cozak, l’un des avocats de la défense. Dans le cadre des procédures, MCozak a cité en jurisprudence son propre dossier de trafic de stupéfiants. Son frère, son père chimiste et lui-même avaient obtenu un arrêt des procédures en raison de l’arrêt Jordan en 2017.