Le procès pour agression sexuelle du magnat déchu de la mode Peter Nygard n’aura pas lieu au palais de justice de Montréal avant 2025, voire 2026. L’enquête préliminaire de l’homme de 82 ans a été fixée vendredi en janvier prochain.

Peter Nygard fait face au Québec à deux chefs d’accusation d’agression sexuelle et de séquestration à l’égard d’une victime adulte. Les évènements se seraient déroulés entre le 1er novembre 1997 et le 15 novembre 1998 à Montréal. Les accusations ont été déposées en mars 2022.

Son procès devait avoir lieu cet été au palais de justice de Montréal. Or, il y a quelques semaines, la défense a réclamé la tenue d’une enquête préliminaire. Celle-ci devait se dérouler en juillet 2024.

Vendredi, le procureur de la Couronne Me Jérôme Laflamme et l’avocat de la défense MGiuseppe Batista ont annoncé à la cour qu’un témoin de la défense ne serait pas disponible à cette date. C’est pourquoi l’enquête préliminaire a été reportée au 28 janvier 2025 pour une durée de deux jours.

Avec les délais en vigueur dans le district de Montréal, il est probable que le procès soit fixé entre l’automne 2025 et le printemps 2026. Cela dit, il n’y a pas d’enjeu de délai Jordan dans ce dossier.

Peter Nygard risque par ailleurs de ne pas être présent en personne à l’enquête préliminaire. « Il y a une requête de la défense pour que Monsieur assiste à l’audience par visioconférence en raison de son état de santé », a indiqué au juge MLaflamme.

Jusqu’à une vague de dénonciations dans la foulée du mouvement #moiaussi, le milliardaire déchu était l’un des plus grands magnats de la mode au monde, ayant bâti à Winnipeg, puis à Toronto, un véritable empire de la mode féminine. Des procès criminels l’attendent encore à Winnipeg et aux États-Unis.

Dans un procès ultramédiatisé au Canada anglais, Peter Nygard a été reconnu coupable de quatre chefs d’accusation d’agression sexuelle en novembre dernier au palais de justice de Toronto. Le prédateur s’en prenait aux femmes dans une « chambre secrète », dissimulée dans sa suite du 5e étage de son quartier général. Il est toujours à la recherche d’un avocat dans le cadre des observations sur la peine.

Quand il en aura fini avec ses démêlés judiciaires au Canada, Peter Nygard risque d’être extradé aux États-Unis. Dans l’État de New York, il doit être jugé pour neuf chefs d’accusation de trafic humain et de crimes sexuels à l’égard d’au moins une douzaine de victimes. Les autorités américaines décrivent Peter Nygard comme un prédateur sexuel prêt à frapper les femmes qui refusaient de se plier à ses demandes sexuelles.

« Sur une période de 25 ans, Peter Nygard a utilisé l’influence du Groupe Nygard pour recruter et maintenir des femmes et des adolescentes pour sa propre gratification sexuelle et celle de ses amis et associés. […] Peter Nygard ciblait fréquemment des femmes et des adolescentes provenant de milieux économiques défavorables ou ayant des antécédents d’abus », soutiennent les autorités américaines.

Ainsi, Peter Nygard contrôlait ses victimes grâce à des menaces, de fausses promesses et par des moyens coercitifs, notamment la surveillance et la séquestration, selon la théorie de la poursuite américaine. Il est également accusé d’avoir agressé sexuellement plusieurs victimes.