L’homme de 44 ans qui est soupçonné d’avoir tué sa mère et une voisine jeudi, lors d’une attaque sanglante au couteau dans un immeuble de Vaudreuil-Dorion, a été accusé vendredi de meurtre au deuxième degré. Son aptitude à subir un procès devra toutefois être évaluée.

Fabio Puglisi fait face à deux chefs d’accusation de meurtre au deuxième degré commis contre Elisabetta Caucci-Puglisi, 68 ans, et Manon Blanchard, 53 ans. Selon nos informations, la première était la mère de l’accusé et habitait avec lui. La seconde était une voisine. Un meurtre au deuxième degré signifie qu’il n’a pas été prémédité ou prévu depuis une longue période.

Un chef de tentative de meurtre pèse aussi sur le quadragénaire, puisqu’une troisième femme a été transportée dans un centre hospitalier, où son état est toujours jugé critique.

Il est également accusé de voies de fait graves contre cette même troisième victime. Celle-ci aurait été blessée, mutilée et défigurée, d’après les documents judiciaires à son dossier rendus publics vendredi.

Avec un bandage à la main, M. Puglisi a comparu en matinée devant un juge, au palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield.

Ses propos étaient plutôt confus et son avocat a demandé que le principal intéressé fasse l’objet d’une évaluation à l’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel, afin de déterminer s’il est apte à être jugé. Son retour devant la Cour est prévu la semaine prochaine, le 22 février.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

C’est la Section des crimes majeurs de la Sûreté du Québec qui a pris l’enquête en charge. Des techniciens en identité judiciaire collaboreront également.

Plus tôt, jeudi, l’homme avait été arrêté après avoir été retrouvé ensanglanté dans un grand immeuble de condos locatifs de la rue Émile-Bouchard, où les policiers sont intervenus en fin de matinée « pour une agression armée envers plusieurs victimes ». C’est à cet endroit qu’ils ont trouvé trois femmes blessées, dont deux sont mortes sur place, a confirmé la Sûreté du Québec (SQ).

Un passé criminel

D’après le plumitif, Puglisi avait comparu il y a moins d’une semaine pour faire face à une accusation de voies de fait à l’endroit d’une autre femme. Il s’était en effet rendu en cour le 9 février dernier pour répondre de cette accusation dont les faits remontent à novembre 2023.

Connu des services policiers, le suspect avait également été reconnu non criminellement responsable par le passé d’accusations d’agression causant des lésions corporelles et de fraude.

En 2020, la Commission d’examen des troubles mentaux (CETM) avait d’ailleurs été chargée d’évaluer l’état mental de M. Puglisi, qui était alors accusé d’avoir vendu un faux tableau de Riopelle sur le site Kijiji. « L’accusé, en raison de son état mental, ne représente plus un risque important pour la sécurité du public », avait conclu l’organisme à ce moment.

M. Puglisi, qui avait été hospitalisé pendant un mois « à la suite d’une agression contre un automobiliste sur l’autoroute dans un vécu délirant paranoïde » en 2011, présentait des progrès « notables », notamment du fait qu’il était « bien entouré ». « Il prend la médication comme prescrit. D’ailleurs, il conçoit qu’il va beaucoup mieux en prenant ses médicaments », lit-on dans la décision.

En point de presse à L’Assomption, vendredi, le premier ministre François Legault, questionné sur les antécédents de l’accusé, est demeuré prudent.

« Ça m’a touché comme ex-résidant de ce coin, mais comme premier ministre aussi. J’ai trouvé ça dur. J’ai eu une réaction d’être un peu fâché de voir ça. Il est trop tôt pour savoir si ça aurait pu être prévenu. Il va falloir que l’enquête se fasse. Si c’est nécessaire d’être plus sévère, on le sera », a-t-il promis.

Avec Vincent Larin, La Presse