L’ex-président de Sutton Québec, accusé d’incendies criminels chez des concurrents, a subi lundi la première journée de son enquête sur remise en liberté au palais de justice de Saint-Jérôme. Le juge Gilles Garneau a remis à demain sa décision et José Christophe Folla doit donc passer au moins une nuit de plus en prison.

La cour a pu entendre une partie de la preuve pour déterminer s’il peut recouvrer sa liberté en attendant son procès. Une ordonnance de non-publication empêche toutefois les médias d’en rapporter la teneur, tel que c’est habituellement le cas à ce stade d’un procès criminel.

Le juge a accepté de libérer les deux complices allégués de Folla, Benjamin Amar et Alain Marc Nahmias, en attendant leur procès.

Sa partenaire écartée des suspects

Coactionnaire de Sutton Québec avec Folla, Julie Gaucher a écarté l’homme d’affaires de son poste de président et pris sa place à la tête de la franchise de courtiers immobiliers.

Selon nos informations de source policière, la Sûreté du Québec (SQ) l’avait d’abord mise sur sa liste des suspects au cours de l’enquête. Les méthodes d’infiltration utilisées et sa mise sous écoute ont toutefois permis de l’en écarter. Les policiers ont conclu qu’elle ne savait rien des crimes qu’ils attribuent à son partenaire.

Julie Gaucher a refusé d’accorder une entrevue à La Presse. Par le biais de sa porte-parole, elle s’est toutefois dite « satisfaite » de la tournure des évènements, dans les circonstances. « Le rapport de la SQ écarte sa participation », souligne Patricia Lemoine Smith.

À la demande du ministère public, la cour a prononcé une ordonnance de non-publication pour protéger l’identité d’un témoin qui a aidé les policiers dans l’enquête.

Conflit commercial

La police reproche à Folla est ses complices plusieurs incendies criminels réussis, de 2017 à 2022, puis d’autres tentatives jusqu’aux derniers jours de ce mois de janvier.

Sauf un feu allumé par erreur dans le mauvais immeuble, tous ces crimes visaient des propriétés d’une entreprise détenue par Christian Bouvrette et François Léger, puis sa succession, après sa mort en 2022.

Les immeubles, à Saint-Sauveur et Sainte-Thérèse, abritaient des succursales de la franchise Royal Lepage Humania, qui appartenait aussi à Christian Bouvrette et, jusqu’en 2022, François Léger. Ils travaillaient jusqu’en 2017 sous la franchise de Sutton Québec avec Folla, avant de changer d’affiliation.

Cette séparation a déclenché un conflit commercial. Puis les crimes reprochés à Folla et ses complices ont commencé, en septembre 2017 selon la dénonciation policière.

Selon nos informations, la SQ croit que les incendies criminels sont liés à ce différend.

Un proche d’une victime soulagée

En marge de l’enquête sur remise en liberté de Folla à Saint-Jérôme, La Presse a rencontré le frère de Fançois Léger et courtier affilié à Royal Lepage Humania, Éric Léger.

Il se dit « soulagé » que l’enquête de la SQ ait finalement pu porter fruit. « Pour l’instant ils ne sont pas condamnés, tout le monde a droit à la présomption d’innocence, mais ça vient donner un sens au mot justice. »

Actifs considérables

En plus de posséder la moitié de la franchise Sutton Québec, Folla est co-investisseur dans les résidences étudiantes EVO Montréal, dans l’ancien hôtel Delta du square Victoria, évaluées à 72 millions selon la Ville.

Il possède aussi le Club de golf Balmoral de Morin-Heights. Julie Gaucher en était trésorière jusqu’à ce que son nom soit retiré de la fiche de la compagnie au registre des entreprises le 24 janvier, jour même de l’arrestation de son partenaire.

En savoir plus
  • 1500
    Nombre de courtiers qui travaillent avec Sutton Québec, selon la franchise
    SITE DE SUTTON QUÉBEC
    22 000
    Nombre de transactions qu’ils traiteraient chaque année
    SITE DE SUTTON QUÉBEC