L’homme arrêté mardi à la suite d’une agression armée survenue à l’intérieur du palais de justice de Longueuil a été formellement accusé de tentative de meurtre. Réagissant au drame, le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, estime qu’il s’agit d’un acte « insensé », mais « isolé ».

En plus du chef de tentative de meurtre, Alexandre Garcés, 44 ans, fait face à des accusations de voies de fait graves, d’agression armée et de port d’arme dans un dessein dangereux.

Il a comparu mercredi matin en visioconférence depuis les locaux du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL). La Couronne s’est opposée à sa remise en liberté avant son retour en cour pour l’enquête sur cautionnement, jeudi.

Fait inusité, la procureure de la Couronne a indiqué en salle de cour, peu avant sa comparution, que les avocats de l’aide juridique de la Rive-Sud refusent de représenter le suspect.

« Ils sont en conflit d’intérêts. Ils ne peuvent pas trouver un autre avocat de l’aide juridique ailleurs », s’est plaint Alexandre Garcés avant de se voir accorder l’accès à un téléphone en après-midi par le juge.

Toujours entre la vie et la mort

« Nous nous trouvons en conflit d’intérêts, notamment à cause des circonstances de l’évènement et aussi car la victime est bien connue de nos avocats et collabore souvent dans leurs dossiers », a confirmé la vice-présidente de la Commission des services juridiques, MNadine Koussa, en affirmant toutefois que l’aide juridique de la Rive-Sud aidera l’accusé, au besoin, à trouver un avocat.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK D’ALEXANDRE GARCÉS

Alexandre Garcés

La victime, Hai Thach, un interprète judiciaire bien connu des services judiciaires et très apprécié, se trouvait toujours entre la vie et la mort mercredi matin, après avoir subi de graves blessures au cou.

Selon plusieurs témoins rencontrés au palais de justice de Longueuil peu après les faits, l’agression aurait eu lieu au premier étage du bâtiment. Après avoir été poignardée, la victime se serait réfugiée dans une toilette, tandis que le suspect aurait tenté de prendre la fuite avant d’être arrêté par des constables spéciaux.

Selon le SPAL, Alexandre Garcés n’était pas connu de ses agents et il ne connaissait pas Hai Thach, ce qui laisse croire que l’interprète a été victime d’un geste gratuit. Le suspect ne possédait pas d’antécédents judiciaires en matière criminelle.

Un geste « isolé »

Selon plusieurs acteurs du système judiciaire, cet évènement relance la question de la sécurité dans les palais de justice à l’extérieur de Montréal.

En effet, contrairement à quelques rares établissements de la métropole, dont le palais de justice de Montréal, le centre judiciaire Gouin et le bâtiment abritant la Cour d’appel, les palais de justice ailleurs dans la province ne sont dotés d’aucune mesure de sécurité particulière.

Au lendemain de l’agression, le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a toutefois tenu à souligner qu’il s’agissait d’un acte « de violence insensée, mais qui demeure un acte isolé ».

« Nos constables spéciaux ont agi de manière remarquable hier et je tiens à les remercier. Je veux aussi rassurer les citoyens et répéter que nos palais de justice sont des lieux sécuritaires. Les constables spéciaux et les agents sécurité sont sur le terrain dans les palais de justice au Québec pour s’assurer de la sécurité des lieux », a-t-il poursuivi dans une déclaration transmise par son cabinet.

Le ministre ajoute que ses pensées « accompagnent évidemment la victime et ses proches ».