Un interprète judiciaire a été poignardé par un homme à l’intérieur du palais de justice de Longueuil, mardi midi. Un drame qui relance la question de la sécurité dans ces établissements où transitent de nombreux individus criminels.

Ce qu’il faut savoir

Un interprète judiciaire a été poignardé à l’intérieur du palais de justice de Longueuil mardi.

L’homme soupçonné d’avoir commis l’agression a été arrêté après les faits, mais le mobile du crime reste flou.

Des acteurs du système judiciaire dénoncent le manque de sécurité dans les palais de justice en dehors de Montréal.

Le Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) confirme qu’un individu âgé de 43 ans a été arrêté et pourrait faire face à une accusation de tentative de meurtre.

Quant à la victime, elle a été transportée par ambulance dans un centre hospitalier après avoir subi de graves blessures du cou. En fin d’après-midi, on craignait toujours pour sa vie.

Selon nos informations, il s’agirait de Hai Thach, un interprète judiciaire d’une soixantaine d’années bien connu des services judiciaires et très apprécié. Il est notamment enregistré à l’Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec comme maîtrisant le chinois et le vietnamien.

L’agression s’est produite au premier étage du palais de justice, où il n’était plus possible d’accéder en après-midi, après que la police y a établi un périmètre de sécurité.

MPatrick Davis, avocat de la défense, se trouvait dans le couloir du premier étage au moment des faits. « Je vois la victime ensanglantée crier au secours, rentrer dans la salle de bains. Trente secondes plus tard, on voit un individu apeuré s’approcher de nous », raconte-t-il.

MDavis ajoute que l’individu apeuré aurait descendu les escaliers menant au rez-de-chaussée avant de croiser des constables spéciaux, qui l’ont arrêté. L’individu était alors en possession de couteaux retrouvés dans son sac.

Le mobile du crime reste flou. Le suspect et la victime ne se connaissaient pas, selon le SPAL.

En milieu d’après-midi, un large périmètre a été établi à l’intérieur du palais de justice, où un branle-bas avait lieu afin de relocaliser les audiences dans de nouvelles salles.

Plus de sécurité réclamée

L’évènement relance le débat sur la sécurité à l’intérieur des palais de justice au Québec, estime le président du Syndicat des constables spéciaux du gouvernement du Québec, Franck Perales.

« Souvent, on se demande entre nous non pas si ça va arriver, mais quand ça va arriver », souligne-t-il en parlant d’un évènement « très malheureux ».

Il croit que tous les palais de justice au Québec devraient être dotés, à l’image du palais de justice de Montréal, de détecteurs de métal et d’appareils à rayons X à l’entrée. Bon an, mal an, des dizaines de visiteurs y sont interceptés avec des armes prohibées.

« Si ça avait été le cas, on ne se parlerait pas aujourd’hui », souligne-t-il d’ailleurs, affirmant que le suspect aurait été intercepté dès son entrée dans le palais de justice, puisqu’il était apparemment en possession d’une arme.

« Malheureusement, je dois dire que je ne suis pas surpris », a déclaré pour sa part le président de l’Association des procureurs aux poursuites criminelles et pénales, Guillaume Michaud. « Je le dis depuis des années qu’il faut agir. »

La question de la sécurité des procureurs, souvent menacés dans les palais de justice, avait d’ailleurs été un des points de discussions lors du renouvellement de leur dernier contrat de travail avec Québec. Ceux-ci réclamaient notamment un accès et des stationnements sécurisés aux palais de justice.

Tous les jours, on plaide des sentences importantes pour des criminels importants et après, on ressort par la même porte qu’eux et ils sont souvent stationnés à côté de nous.

Guillaume Michaud, président de l’Association des procureurs aux poursuites criminelles et pénales

Selon Franck Perales et Guillaume Michaud, le ministère de la Sécurité publique a jusqu’ici refusé les demandes de leurs associations pour des raisons budgétaires.

Avec Thomas Emmanuel Côté, La Presse