Après deux tentatives, le père de la fillette de Granby a obtenu une semi-liberté, mercredi.

« Aux vues de la Commission, votre désir de vous améliorer semble sincère et ne vise pas uniquement une libération », souligne la Commission des libérations conditionnelles du Canada, dans une décision de 12 pages rendue mercredi.

Le père, dont l’identité est protégée par la cour, s’est adressé à la Commission la semaine dernière afin d’obtenir une semi-liberté. Il avait fait une première demande au printemps dernier, mais elle avait été refusée.

L’homme a plaidé coupable à une accusation de séquestration en décembre 2021 et s’est ainsi évité la tenue d’un procès.

Il a tout de même admis avoir enroulé sa fillette de 7 ans dans du ruban adhésif, en avril 2019. Il purge une peine de trois ans et six mois de prison.

La belle-mère de l’enfant, qui a ajouté du ruban adhésif autour du visage de la fillette, a quant à elle été reconnue coupable par un jury de meurtre non prémédité et de séquestration. Elle purge une peine de prison à vie et sera admissible à une libération conditionnelle après 13 ans. Elle a porté sa cause en appel.

Le père devra donc habiter dans une maison de transition jusqu’à sa libération d’office en mai prochain. Il lui sera interdit de communiquer avec les membres de la famille de la victime et avec sa propre famille.

Il devra déclarer « toutes [s]es relations (sexuelles et non sexuelles) et [s]es amitiés avec des femmes, ainsi que tout changement dans l’état de [ses] relations/amitiés », exige la Commission. Il n’aura pas le droit d’être seul en présence d’un enfant de moins de 16 ans.

La Commission évalue que les risques de récidive sont « modérés-faibles ». Le délinquant de 34 ans devra toutefois poursuivre sa thérapie entamée en prison.

Des remords

La Commission note que depuis le début de son séjour derrière les barreaux, l’homme n’a reçu aucun rapport disciplinaire. Il a obtenu un diplôme d’études secondaires en février dernier et a occupé différents emplois, dont un à l’extérieur des murs du pénitencier.

Surtout, au cours de sa thérapie, l’homme a exprimé des remords, ce qu’il n’avait jamais fait auparavant. Durant le processus judiciaire, un juge avait en effet noté que l’accusé n’avait pas exprimé de regrets ni d’excuses.

« Vous assumez une plus grande part de responsabilité dans les circonstances qui ont mené à l’évènement tragique », ont souligné les commissaires, mercredi. « Si, par le passé, vous aviez tendance à tenter de diluer l’ampleur et la nature de votre implication dans le drame, vous êtes aujourd’hui en mesure de reconnaître et de nommer certains de vos torts, dont le fait que vous avez manqué à votre obligation de protéger la victime. »

« Vous avez exprimé des remords que la Commission estime sincères », ont-ils ajouté.

Lors de son audience devant la Commission le 30 novembre, la grand-mère paternelle de la fillette s’est opposée à la libération du père. Elle a affirmé que son fils n’avait pas démontré de réelle prise de conscience.

Elle a aussi fait valoir que des membres de sa famille craindraient pour leur sécurité s’il était libéré.

Une lettre signée par la mère de la fillette a également été lue aux commissaires. La femme s’est elle aussi opposée à la demande de libération du père et a dit ne pas croire en sa réhabilitation.

La mort de la fillette de Granby en 2019 a bouleversé le Québec. L’enfant était suivie par la Direction de la protection de la jeunesse depuis sa naissance. Quelques semaines avant sa mort, elle avait été renvoyée de son école pour de bon. La nuit avant sa mort, elle avait tenté de fuir son enfer par la fenêtre de sa chambre.

Le drame a mené à la « commission Laurent » sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse.

L’histoire jusqu’ici

29 avril 2019

La fillette de Granby, 7 ans, est retrouvée inconsciente dans sa chambre. Elle a été enroulée de ruban adhésif quelques heures plus tôt. Son décès est constaté à l’hôpital, le lendemain.

9 décembre 2021

La belle-mère de la fillette de Granby est trouvée coupable du meurtre au deuxième degré de l’enfant et de séquestration, par un jury. Elle purge une peine de prison à vie.

15 décembre 2021

Le père plaide coupable à une accusation de séquestration. Son procès était prévu le mois suivant.

19 avril 2023

Le père fait une première demande de libération. Celle-ci est refusée.