Montréal n’échappe pas aux vives tensions que provoque partout dans le monde la guerre entre Israël et le Hamas. Depuis le début du conflit, le 7 octobre dernier, pas moins de 36 crimes et incidents haineux ont été recensés par la police montréalaise, qui a mis en branle un « plan de visibilité » près de lieux de culte.

En moins deux semaines, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) affirme que quelque 16 crimes haineux lui ont été rapportés. Quatre d’entre eux ont été commis contre la communauté arabo-musulmane et douze envers la communauté juive, a précisé le SPVM, dont les données datent du 18 octobre.

L’un de ces crimes était survenu le 10 octobre dernier, lorsque la police était intervenue lors d’un rassemblement devant le consulat d’Israël à Montréal, pour interpeller un manifestant pro-Palestine qui s’en est pris à des supporters du peuple israélien. Une autre manifestation en appui au peuple palestinien a également eu lieu ce vendredi, au centre-ville.

Sur X, le Forum musulman canadien a d’ailleurs diffusé vendredi des images de graffitis haineux invitant à « tuer tous les salauds musulmans », tout près du centre islamique Badr, dans Saint-Léonard. Selon l’organisme, ce genre d’incident cause beaucoup « d’anxiété et de la peur » dans le quartier.

À ces 16 crimes haineux, s’ajoutent une vingtaine d’incidents haineux survenus dans les 14 derniers jours. Du nombre, 7 visaient la communauté arabo-musulmane et 13 s’attaquaient à la communauté juive.

Une tendance à la hausse semble donc claire, puisque l’an dernier, en 2022, le SPVM avait enregistré 284 crimes et incidents haineux, soit une moyenne d’à peine cinq par semaines.

Par « incident haineux », le SPVM entend un acte qui pourrait « affecter le sentiment de sécurité d’une personne ou d’un groupe identifiable de personnes » en raison de son origine ethnique, sa langue ou encore sa religion. Le crime haineux, lui, est un crime « motivé par la haine » d’une origine ethnique.

Un « plan de visibilité »

Dans une déclaration, la police de Montréal a indiqué vendredi « suivre avec beaucoup d’intérêt les évènements qui se déroulent au Moyen-Orient ».

« Bien qu’ils soient éloignés de nous géographiquement, nous sommes conscients de leur impact sur le sentiment de sécurité de la population, et particulièrement des communautés impliquées dans ledit conflit », affirme sa porte-parole administrative, Caroline Labelle.

« Nous avons pris des mesures et notamment mis en place un plan de visibilité aux abords de lieux de culte et d’autres endroits d’intérêt. Les postes de quartier (PDQ) assurent une présence constante dans divers secteurs, en collaboration avec différentes unités du SPVM », ajoute-t-elle.

Pour le reste, le SPVM demande à la population « d’être vigilante » dans les semaines et les mois à venir.

« Toute personne qui a besoin d’assistance parce qu’elle craint pour sa sécurité, son intégrité physique ou qu’elle a l’impression de faire l’objet de harcèlement, de menaces ou de discrimination haineuse ne devrait jamais hésiter à contacter le 911. Les personnes qui sont témoins de tels comportements non plus », a précisé M. Labelle, assurant que chaque dossier sera traité « avec grand sérieux ».

Idem à Londres

Une tendance à la hausse des crimes haineux s’observe un peu partout dans le monde depuis deux semaines, surtout dans les grandes villes. Outre-mer, à Londres, le nombre des actes antisémites ou islamophobes recensés a aussi fortement progressé depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas. « Malgré la présence accrue de policiers, nous avons constaté une augmentation significative des crimes haineux à Londres », avec 218 actes délictueux antisémites recensés entre le 1er et le 18 octobre contre 15 sur la même période l’année dernière, a précisé la police londonienne dans un communiqué vendredi.

Agence France-Presse