Cinquante-deux évènements de violence par arme à feu sont survenus à Montréal durant les quatre mois de l’été, entre le 1er juin et le 30 septembre, une baisse d’environ 25 % comparativement à l’été 2022.

Ces 52 évènements sont ainsi ventilés : 5 meurtres, 14 tentatives de meurtre et 33 décharges d’arme à feu sans victime, selon une compilation de La Presse et les chiffres du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Pendant la même période, les policiers du SPVM ont arrêté 133 individus et saisi 258 armes à feu.

Durant l’été 2022, entre le 1er juin et le 30 septembre, ce sont 70 évènements de violence armée de toutes natures qui avaient été enregistrés. Il y en avait eu 103 et 56 pour la même période en 2021 et 2020.

Depuis le début de cette année, la tendance à la baisse de 30 % de toutes les violences armées confondues, amorcée depuis plusieurs mois, s’est poursuivie.

« Nous sommes très satisfaits. Ces chiffres confirment la baisse amorcée à la fin de 2022. C’est clair que c’est l’intensification de nos efforts tous azimuts menés sur plusieurs fronts simultanément qui a fini par produire des effets sur le terrain », a déclaré à La Presse l’inspecteur David Shane, du SPVM.

Prévention et répression

Selon l’officier, les efforts concertés en matière de prévention, de visibilité policière, de rapprochement avec la population, d’enquêtes criminelles et de renseignement, expliquent cette diminution.

Au cours des derniers mois et années, en plus de prendre part à la stratégie québécoise Centaure de lutte contre les armes à feu, le SPVM a mis en place une stratégie baptisée Arrêt, misant sur l’intervention des patrouilleurs et des policiers de l’escouade Éclipse, spécialisée dans la surveillance des établissements licenciés et la collecte de renseignements sur le crime organisé.

Le SPVM compte également sur ses enquêteurs des Équipes multisectorielles dédiées aux armes à feu (EMAF), ceux et celles des escouades Stupéfiants et des Collectifs nord-est et sud-ouest. Ces derniers sont composés de policiers et de civils qui effectuent de la prévention et de la répression en ciblant des individus aux comportements à risques élevés en matière de violence par arme à feu.

« À partir du mois d’avril (création des Collectifs), lorsque nous avons fait évoluer notre stratégie pour travailler la dissuasion ciblée et les opérations menées par le renseignement, nous avons senti une différence. Cela a été un tournant et cela a ouvert un nouveau front », a expliqué M. Shane.

L’inspecteur n’a pas été en mesure de dire combien tous les efforts policiers mis en place cet été, notamment en heures supplémentaires, avaient coûté.

« C’est clair que lorsque tu t’attaques à la violence armée, tu vas devoir recourir à des heures supplémentaires. Mais la bonne nouvelle, c’est que cela donne des résultats probants. Oui, une facture vient avec ça, mais une baisse de 30 %, c’est énorme », a conclu M. Shane.

Québec se félicite

PHOTO RYAN REMIORZ, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

« Les résultats présentés aujourd’hui sont encourageants et témoignent de l’excellent travail des forces de l’ordre qui doivent agir en conciliant prévention et répression. L’enjeu demeure et nous devons maintenir nos efforts concertés », a déclaré François Bonnardel, ministre de la Sécurité publique.

Joint par La Presse, le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a fait valoir lundi que son ministère a pris « des décisions et adopté des mesures dans les derniers mois qui donnent aux policiers les moyens d’accomplir un travail important afin de lutter contre les violences armées ».

Il fait ainsi référence à trois récents investissements. Au mois de mai dernier, Québec avait notamment investi 7,5 millions de dollars pour mettre sur pied une escouade intégrée de renseignements sur la violence armée, une première dans la province.

Puis, peu, de temps après, 5,7 millions avaient ensuite été promis sur cinq ans pour la création d’une nouvelle équipe dans laquelle des policiers de la Sûreté du Québec (SQ) appuieront leurs collègues du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) dans la lutte contre toute forme de violence armée. Le ministre avait alors parlé d’une « nouvelle ère de collaboration » qui permettra d’intervenir plus rapidement, au besoin.

Enfin, en septembre, une somme de 2 millions a également été dégagée pour créer un programme d’accompagnement de jeunes délinquants visant à les détourner de la criminalité. M. Bonnardel a alors soutenu vouloir sortir les jeunes « de la petite criminalité en leur donnant de l’espoir, pour ne pas qu’ils se dirigent vers la moyenne ou la grande criminalité ».

« Les résultats présentés aujourd’hui sont encourageants et témoignent de l’excellent travail des forces de l’ordre qui doivent agir en conciliant prévention et répression. L’enjeu demeure et nous devons maintenir nos efforts concertés », a ajouté mardi M. Bonnardel à ce sujet.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.

Évènements impliquant des armes à feu

Du 1er janvier au 30 septembre 2023

Comparaison entre 2023 et 2022

  • 43,9 % moins de meurtres
  • 30 % moins de tentatives de meurtre
  • 27,7 % moins de décharges sans victime
  • 29,7 % moins d’évènements, tous confondus

Armes à feu saisies du 1er janvier au 30 septembre

  • 2023 : 1009
  • 2022 : 767

Violences armées pour toute l’année

  • 2021 : 187
  • 2020 : 143

Source : SPVM