(Québec) Des vidéos litigieuses ont été présentées jeudi au procès de deux anciens joueurs des Tigres de Victoriaville accusés d’avoir agressé sexuellement une adolescente de 17 ans dans les heures suivant leur victoire en finale de la Coupe du Président, en juin 2021.

Les médias ne peuvent rapporter pour l’instant le contenu de ces éléments saisis dans l’iPhone d’un des deux coaccusés. Le juge Thomas Jacques, de la Cour du Québec, a imposé une ordonnance de non-publication.

Comme chaque jour depuis le début de la semaine, Nicolas Daigle et Massimo Siciliano étaient présents jeudi au palais de justice de Québec. Vêtus de noir, ils se sont assis dans le fond de la petite salle d’audience pour le troisième jour des requêtes préliminaires en vue de leur procès, qui aura lieu en octobre.

Cette étape est cruciale, car les avocats des accusés tentent de faire exclure des vidéos, des conversations et des fichiers audio en lien avec la présumée agression et saisis par la Sûreté du Québec dans les appareils. Tant que le juge Thomas Jacques n’aura pas tranché cette question névralgique, les médias ne pourront faire état du contenu de ces fichiers.

Rappelons que les deux jeunes hommes sont accusés d’avoir commis une agression sexuelle et produit un enregistrement vidéo. Daigle est aussi accusé d’avoir relayé les images.

Les avocats de Daigle et de Siciliano ont tout fait jeudi pour faire sortir les journalistes de la salle d’audience au moment de présenter certains fichiers saisis. Selon eux, un huis clos était nécessaire pour protéger la « réputation » de leurs clients, respecter leurs droits et leur garantir un procès juste.

« La mise en balance des droits en cause ne convainc pas le tribunal qu’il faille déroger au principe de publicité des débats », a tranché le juge Thomas Jacques en permettant finalement aux journalistes de demeurer dans la salle. Il a néanmoins imposé une ordonnance de non-publication sur le contenu des téléphones des ex-hockeyeurs.

Les avocats de la défense veulent prouver que la saisie des appareils, d’abord sans mandat, était illégale et abusive. S’ils y parviennent, ils retireront une carte importante dans la main du procureur de la Couronne, MMichel Bérubé. C’est ce dernier qui avait fait condamner l’ancien journaliste Michel Venne pour avoir agressé sexuellement Léa Clermont-Dion.

Une dizaine de fichiers vidéo et audio ont été présentés jeudi. Vendredi, les avocats de la poursuite et de la défense doivent faire leurs plaidoiries. Le juge Thomas Jacques devra trancher quant à l’admissibilité du contenu des cellulaires avant la tenue du procès comme tel en octobre.

Le juge devra aussi se prononcer sur une seconde requête de la défense, qui veut faire allusion au comportement sexuel de la présumée victime. Les arguments des avocats à ce sujet ont été entendus à huis clos jeudi après-midi.

Une nuit mouvementée

La présumée agression se serait produite dans la nuit du 5 au 6 juin 2021. Quelques heures plus tôt, les Tigres de Victoriaville avaient gagné leur première Coupe du Président en près de 20 ans, contre les Foreurs de Val-d’Or.

Les deux jeunes hockeyeurs, qui avaient 19 ans à ce moment-là, séjournaient dans un hôtel de la région de Québec avec leurs coéquipiers. C’est là qu’avaient lieu les célébrations après la victoire.

C’est aussi là, dans une chambre, que la plaignante dit avoir été agressée par les deux joueurs. L’adolescente alors âgée de 17 ans était employée de l’hôtel.

Le 6 juin au soir, la jeune fille, accompagnée de sa mère, a porté plainte dans un poste de police de la capitale. Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a déposé les accusations quatre mois plus tard, en octobre 2021. Le lendemain, la Ligue de hockey junior majeur (LHJMQ) a suspendu les deux joueurs pour une durée indéfinie.