(Saint-Léon-le-Grand ) Dans le village où Steeve Gagnon a grandi, des proches et des connaissances du chauffard ont fait le portrait mardi d’un homme isolé qui traversait une mauvaise passe.

« Ce n’était pas un méchant. Ce n’était pas un dur », lâche le maire de Saint-Léon-le-Grand, Jean-Côme Lévesque. « Selon moi, les fils se sont touchés. »

Depuis lundi, le maire de ce village de 990 habitants cherche à comprendre comment Steeve Gagnon a pu tuer des innocents avec son véhicule. Ce même Steeve Gagnon qui, rappelle le maire, a grandi dans ce village à dix minutes de voiture d’Amqui, qui est né quelques jours après sa propre fille et à qui sa femme a enseigné.

Jean-Côme Lévesque raconte même avoir aperçu Steeve Gagnon quelques minutes avant l’attaque alors qu’il est passé à Amqui pour faire des courses.

« Je l’ai vu de dos. Il s’allumait une cigarette et il montait dans son camion. Il devait être aux alentours de 15 h. Je me suis dit : ‟tiens, Steeve part faire une ride”. »

« Personne ne comprend »

Steeve Gagnon a passé les premières années de sa vie à Saint-Léon-le-Grand. Il a quitté le village vers le début de la vingtaine, selon des proches.

Il vivait avec sa mère dans un petit bungalow blanc. Quand ses parents se sont séparés, son père est parti vivre en Colombie-Britannique. Lui-même est parti vivre quelques années dans l’Ouest, note un de ses amis d’enfance, qui ne veut pas être nommé. Il a « travaillé dans le bois », puis a occupé des emplois de camionneur.

Steeve Gagnon a eu des problèmes avec l’alcool, souffle son ami. « Il avait des problèmes de consommation, OK. Mais de là à faire ça ? » Il ajoute : « Tout le monde se connaît ici. Personne ne comprend. »

En arrêt de travail

Plusieurs éléments laissent croire que Steeve Gagnon traversait une période difficile de sa vie. Un de ses amis pense qu’il était malade. André-Luc St-Laurent a écrit dans un message Facebook, qu’il a depuis effacé, avoir pris une bière avec Steeve Gagnon la semaine dernière.

CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE DE FACEBOOK

Publication d’André-Luc St-Laurent à propos de Steeve Gagnon

« C’était pas la grande forme, mais ça allait se placer. Je voyais bien que tu étais malade, j’aurais peut-être dû m’acharner pour que tu te fasses soigner. Ça ne se serait peut-être pas rendu là, mais il aurait fallu que tu acceptes d’être malade comme n’importe qui », a écrit M. St-Laurent.

Les gens rencontrés par La Presse mardi indiquent que Steeve Gagnon, qui occupait un emploi de camionneur dans une entreprise de Mont-Joli, était en arrêt de travail. Il aurait souffert de douleurs au dos.

« L’été passé, j’ai livré du bois de chauffage dans sa rue. Il nous a reconnus, moi et mon fils, et nous a jasé », se souvient le maire de Saint-Léon, Jean-Côme Lévesque.

« Quand j’ai embarqué dans le camion après, je me souviens avoir dit à mon fils : ‟Steeve n’est pas un gars heureux, ça paraît dans ses yeux.” Mais écoutez, moi, je ne suis pas un psychologue. »