Un passeur américain a récemment écopé de cinq ans de prison après avoir plaidé coupable de trafic d’êtres humains pour avoir aidé des ressortissants indiens à transiter du Canada vers les États-Unis en passant par le fleuve Saint-Laurent.

Brian Lazore, 45 ans, d’Hogansburg, dans l’État de New York, a récemment plaidé coupable d’avoir tenté de faire traverser le fleuve du Canada vers les États-Unis, depuis Cornwall, à six ressortissants indiens, et ce, à son propre bénéfice financier. Il sera également sous supervision durant une période de deux ans à la suite de sa libération.

Le Bureau du Procureur des États-Unis et la United States Border Patrol du secteur de Swanton, qui couvre surtout le territoire américain vis-à-vis du Québec, mais aussi une petite portion du territoire de l’Est ontarien, dans la vallée du Saint-Laurent, en ont fait l’annonce.

Au moment des faits, le 28 avril 2022, le bateau de Lazore avait coulé dans la rivière Saint-Régis, un affluent du fleuve Saint-Laurent dont l’embouchure est située au Québec, quelque 250 mètres après avoir traversé la frontière canadienne et être entré en territoire américain.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Le passeur avait réussi à rejoindre la rive à la nage tandis que les six ressortissants indiens présents à bord, tous âgés de 19 à 21 ans, avaient dû être récupérés par un navire de sauvetage du service policier de la Tribu mohawk de Saint-Régis, située juste de l’autre côté de la frontière.

« Nous allions mourir. Les policiers nous ont sauvés », aurait déclaré un des passagers selon des documents judiciaires consultés par l’Associated Press. Toujours selon ces documents, Lazore savait, au moment de prendre l’eau, qu’aucun de ses passagers ne savait nager.

Des symptômes d’hypothermie

En raison de la température de l’eau, très froide à ce moment de l’année, tous les passagers du navire avaient été transportés à l’hôpital afin d’y traiter pour des symptômes d’hypothermie.

Le navire n’était pas doté de vestes de sauvetage ni d’aucun autre équipement de sécurité.

Lazore avait ensuite été accusé de tentative de trafic d’êtres humains, et les ressortissants indiens, d’entrée irrégulière aux États-Unis.

L’opération de sauvetage avait été rendue possible après qu’une activité suspecte eut été signalée au service de police mohawk d’Akwesasne, au Québec. Celui-ci avait informé son partenaire direct, le Service de police mohawk de Saint-Régis, de la présence d’un bateau transportant plusieurs personnes depuis le Canada vers les États-Unis.

De rares traversées maritimes

Les traversées irrégulières de migrants des États-Unis vers le Canada ont été très documentées dans les dernières années, notamment en raison du débat sur l’existence du chemin Roxham. Ce passage, situé près de Saint-Bernard-de-Lacolle, en Montérégie, est l’endroit choisi par 99,2 % des migrants irréguliers pour entrer par voie terrestre au Canada.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Le chemin Roxham

Tout de même, les services frontaliers américains affirment avoir noté une hausse de 846 % des interceptions de voyageurs qui traversent la frontière du Canada vers les États-Unis de manière irrégulière, par les bois, dans le secteur du Québec et de l’est de l’Ontario, depuis octobre1.

Le nombre de passages dans cette direction par le fleuve est toutefois mal documenté. La communauté autochtone d’Akwesasne reste une plaque tournante pour ceux-ci alors qu’elle partage des frontières avec les États-Unis, l’Ontario et le Québec2.

Rappelons qu’au printemps dernier, le gouvernement Legault a annoncé une somme de 6,2 millions sur cinq ans au Service de police mohawk d’Akwesasne afin qu’il puisse patrouiller dans les eaux québécoises en permanence sur le territoire chevauchant la frontière entre le Canada et les États-Unis, un endroit considéré comme une porte d’entrée pour le trafic d’armes, de drogue et d’humains au Québec3.

Un crime sévèrement puni

Le trafic d’êtres humains est sévèrement puni aux États-Unis et peut entraîner une peine allant jusqu’à 10 ans de prison, une probation de trois ans après la libération et une amende pouvant atteindre 250 000 $ US (345 000 $CAN). Un citoyen guatémaltèque l’a d’ailleurs appris à ses dépens après avoir plaidé coupable à un chef d’accusation de trafic d’êtres humains, mardi, toujours selon une annonce du bureau du Procureur des États-Unis et la United States Border Patrol du secteur de Swanton. Luis Guajaca, 36 ans, a admis avoir récupéré, entre le 6 et le 7 février dernier, à Ellenburg, dans l’État de New York, deux citoyens mexicains qui venaient de franchir illégalement la frontière depuis le Canada. Le passeur a été intercepté alors qu’il tentait d’emmener les deux hommes jusqu’en Illinois contre rémunération.

1. Lisez « Québec et Ontario : les passages irréguliers à la frontière américaine en hausse de 846 % » 2. Lisez « Service de police mohawk d’Akwesasne : une patrouille aquatique sur le chemin des contrebandiers » 3. Lisez « Akwesasne : plus de patrouilles nautiques pour contrer le trafic d’armes »