Après six mois en maison de transition, William Rainville – ce jeune homme d’affaires qui s’était fait arrêter en 2021 pour avoir transporté environ 250 armes de poing des États-Unis au Canada – a obtenu sa libération conditionnelle totale, a appris La Presse.

L’affaire avait fait grand bruit en mars 2021, quand ce jeune et ambitieux conseiller financier, propriétaire de plusieurs immeubles de logements à Sherbrooke, en Estrie, avait été arrêté par la Gendarmerie royale du Canada.

La cause : il avait transporté des États-Unis au Canada, en traversant la frontière sur un terrain dont il était propriétaire à Dundee, en Montérégie, à cheval sur les deux pays, 249 armes de poing prohibées, de type Polymer80, évaluées à 1,6 million de dollars.

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William Rainville s’était fait arrêter avec des sacs de hockey bourrés de carcasses de pistolets Polymer80.

Un mois plus tôt, le meurtre par arme à feu de Meriem Boundaoui à Montréal avait choqué le Québec, remettant au premier plan la question de la prolifération des armes à feu dans la province.

William Rainville, alors âgé de 24 ans, avait plaidé coupable devant la Cour du Québec en juillet 2021 et reçu une peine de cinq ans de prison.

Puis, en août 2022, il avait obtenu de pouvoir poursuivre sa détention en maison de transition.

Libération conditionnelle totale 

Après six mois en maison de transition, la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) a statué que M. Rainville était désormais admissible à la libération conditionnelle totale.

La décision a été rendue le 20 février dans un document de neuf pages obtenu par La Presse.

Au Canada, la libération conditionnelle totale permet aux délinquants de purger leur peine dans la collectivité, avec un certain niveau de surveillance et en respectant des conditions.

Dans le cas de William Rainville, ses revenus, dépenses et dettes devront être surveillés par un agent de libération conditionnelle. Il ne pourra pas non plus être responsable d’investissements financiers pour une autre personne. Il devra aussi obtenir une autorisation pour avoir un cellulaire ou tout autre dispositif de télécommunication et n’avoir aucun contact avec des personnes liées au milieu criminel.

« Le type de délits que vous avez commis implique inévitablement des liens avec des individus hautement criminalisés et potentiellement violents, rappelle la CLCC dans sa décision. De plus, vous êtes avare à propos de vos fréquentations criminelles, n’ayant pas dénoncé celles-ci. Afin d’éviter que vous preniez à nouveau contact avec de tels individus, une surveillance de vos communications s’impose. »

En prison, William Rainville a reçu un avis disciplinaire quand un test d’urine a révélé la présence de THC (cannabis). Depuis qu’il est en semi-liberté, il a toutefois respecté ses conditions. Selon le document de la CLCC, il a aussi trouvé un emploi et est entré en contact avec sa famille et ses amis.

Son équipe de gestion estime par ailleurs que sa peine de prison a eu un effet « dissuasif » sur le détenu.

« La Commission retient que bien qu’il s’agisse des seules infractions inscrites à votre fiche criminelle, les présents délits ont une gravité objective importante, peut-on lire dans la décision. Aux yeux de la Commission, le trafic d’armes à feu demeure un geste lourd de conséquences et vous avez contribué à miner la sécurité publique. »

Avec la collaboration de Daniel Renaud, La Presse

L’affaire William Rainville en quelques dates

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La maison de William Rainville, à Dundee

Hiver 2020 : William Rainville fait l’acquisition de la propriété de Dundee, en Montérégie, dont le terrain se trouve de part et d’autre de la frontière canado-américaine.

Mai 2020 : Selon nos sources, le nom de William Rainville apparaît dans un rapport de signalement acheminé au Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada dans une affaire de blanchiment d’argent. La transaction n’a cependant jamais eu lieu, selon le rapport.

5 mars 2021 : William Rainville est arrêté par la Gendarmerie royale du Canada après la saisie de 249 armes de poing prohibées, de type Polymer80, trouvées dans cinq sacs de hockey à bord de sa camionnette rouge et de sa remorque, non loin de la frontière.

15 juillet 2021 : William Rainville plaide coupable au palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield et est condamné à cinq ans de pénitencier. Des détails de l’affaire sont révélés en cour, notamment qu’il avait été observé à six reprises traversant la frontière américaine de son domicile à Dundee, transportant les sacs de hockey sur des toboggans, avec des réflecteurs à l’arrière de ses chevilles.

19 août 2022 : William Rainville obtient de la Commission des libérations conditionnelles du Canada d’être transféré en maison de transition. Il affirme alors qu’il ne savait pas qu’il transportait des carcasses de pistolets.

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Précision :
Dans une version précédente de ce texte, nous indiquions que la municipalité de Dundee se trouve en Estrie. Elle est plutôt en Montérégie. Nos excuses.