William Rainville affirme qu’il ne savait pas qu’il transportait des carcasses de pistolets lorsqu’il s’est fait arrêter par les policiers de la Gendarmerie royale du Canada, près de sa résidence de Dundee, en mars 2021.

C’est ce que le jeune homme de 25 ans, qui a été condamné à cinq années de pénitencier en juillet 2021 et qui a demandé – et obtenu – d’aller en maison de transition, a raconté aux commissaires des libérations conditionnelles vendredi.

L’affaire avait été retentissante. Rainville, jeune homme d’affaires qui a tout d’un premier de classe, conseiller financier et propriétaire immobilier qui a déjà dit vouloir atteindre la sécurité financière à 40 ans, s’était fait surprendre avec des sacs de hockey bourrés de carcasse de pistolets Polymer80 évalués à 1,6 million, alors qu’il venait de quitter sa nouvelle propriété de Dundee qui chevauche la frontière du Canada et des États-Unis.

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William Rainville

Selon les informations entendues ou déposées en cour, un camion transportant les armes se serait embourbé du côté américain, et à la noirceur, dans la neige, en plein hiver, Rainville aurait récupéré les sacs et les aurait introduits au Canada en toboggan, avec des lumières fixées aux chevilles.

« Ce n’est pas moi la tête de réseau, ce n’est pas moi qui ai eu cette idée-là. On m’a demandé de transporter ça de là à là. Je ne savais pas que c’était des armes, je ne savais pas la quantité. Quand j’ai ouvert les sacs, j’ai dit : “Wow !” Je me suis alors remis en question », a décrit William Rainville.

« Mais vous deviez savoir que quand on traverse la frontière tard le soir, c’est sûrement illégal ? », lui a demandé le commissaire Steven Dubreuil

« Oui, je sais, mais l’argent a prédominé sur mon bonheur », a répondu Rainville.

Mauvaise fréquentation

Celui-ci a ajouté avoir fait cela parce qu’un ami non identifié, « une mauvaise fréquentation » connue au cégep, qui lui devait 7000 $, le lui a demandé.

Il a accepté parce qu’il voulait ravoir son argent et 30 000 $ de plus, parce qu’il voulait rénover sa propriété de Dundee, parce que rien n’allait bien dans sa vie à ce moment, que Desjardins venait de le suspendre avec solde de son poste de conseiller financier, qu’il venait de se séparer d’avec sa conjointe et qu’il a été attiré « par l’appât du gain et la réussite financière et sociale ».

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La maison de William Rainville où les armes de poing prohibées ont été trouvées dans cinq sacs de hockey saisis lors d’une opération de surveillance frontalière près de Dundee.

« Si ça avait fonctionné, auriez-vous continué ?, a questionné l’un des commissaires.

« Selon moi, non. Quand j’ai ouvert les sacs, et que je me suis rendu compte de ce qu’il y avait à l’intérieur, j’aurais refusé de continuer », a assuré Rainville.

« Pensez-vous que vous avez maintenant une dette étant donné que la marchandise a été saisie ? », a demandé le commissaire Evans Bédard.

« Je ne viens pas du milieu criminel. Selon moi, je pense que non. Je n’ai pas été un délateur. J’ai fait mon transport. Je me suis fait arrêter. Pour l’instant, les messages que j’ai reçus…. euh, mon feelling, c’est que ma vie ne sera pas en danger quand je serai dehors », a été sa réponse à la question.

Erreur de parcours

Se référant à ses notes, parlant vite, parfois comme s’il avait appris son laïus par cœur, William Rainville a souvent utilisé les mots « valeurs prosociales », « obnubilé par l’argent et la réussite », « introspection » et « facteurs de risque » durant l’audience.

Il a déclaré avoir entendu durant sa détention des conversations de codétenus qui préparaient déjà leur prochain crime. « Ils n’ont rien compris », a-t-il lancé aux commissaires.

William Rainville a dit avoir souvent regardé les nouvelles portant sur les fusillades à Montréal à la télévision, au pénitencier.

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Les armes trouvées étaient en pièces détachées, mais toutes les pièces nécessaires à les rendre fonctionnelles étaient présentes.

« Les armes à feu, ça sert à tuer et à blesser, mais c’était pour l’argent. Chaque fois que je vois de tels évènements à la télévision, je me sens mal. Je ne suis vraiment pas fier de mes actes. C’est une erreur de parcours. La sentence ici m’a traumatisé. Ça va me marquer à vie. Je veux tourner la page et commencer un nouveau chapitre », a-t-il dit.

William Rainville a annoncé avoir vendu toutes ses propriétés depuis sa condamnation.

Il assure qu’à sa sortie, il veut rétablir le lien de confiance avec sa famille et suivre des cours de charpenterie et de menuiserie, dans le but de rénover et de construire des maisons.

Même si les commissaires Dubreuil et Bédard ont souligné la gravité du crime et le fait que les armes à feu sont un fléau, ils ont quand même accepté que Rainville aille en maison de transition, considérant son absence d’antécédent criminel, les progrès réalisés et le fait que la maison de transition contribuera à sa réinsertion sociale graduelle.

Rainville est soumis à des conditions ; il devra divulguer toutes ses transactions financières, dévoiler les échanges sur son appareil de communication, ne conseiller personne financièrement et ne pas communiquer avec toute personne dont il sait qu’elle est impliquée dans des activités criminelles.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.