Le dangereux leader d’un « club social » de pédophiles a visé une nouvelle proie un mois à peine après sa sortie de prison : un jeune immigrant vulnérable coincé aux urgences pendant six heures. André Faivre, qui cherche toujours à renouer avec ses disciples pédophiles, s’est fait révoquer sa libération d’office.

« Extrêmement préoccupante. » C’est ainsi que la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) qualifie la rencontre d’André Faivre avec un jeune homme aux traits juvéniles en octobre dernier. L’apôtre des pédophiles, condamné à 12 ans de prison, venait d’être libéré automatiquement aux deux tiers de sa peine. Il devait toutefois respecter de nombreuses conditions.

L’homme de 74 ans était le leader d’un réseau de pédophiles québécois et le cerveau derrière une plateforme de partage de pornographie juvénile. En tant que « mentor », il conseillait d’autres prédateurs sur la façon de s’en prendre aux enfants sans être arrêté. Faivre avait lui-même agressé sexuellement deux garçons vulnérables dans les années 1970 et 1990.

Encore aujourd’hui, André Faivre présente un risque élevé de récidive sexuelle envers des mineurs et une dangerosité sociale élevée, selon la CLCC.

Dans la nuit du 24 octobre 2022, André Faivre a rencontré aux urgences un homme de 19 ans, mais qui semblait avoir 16 ou 17 ans. Cet immigrant sans ressources attendait pour consulter un médecin. Pendant six heures, André Faivre ne l’a pas lâché d’une semelle, le suivant jusqu’aux toilettes et insistant pour obtenir son numéro de téléphone.

« Après un certain temps, [le jeune homme] a dit avoir senti que vous aviez une attirance envers lui et une certaine ‟emprise” de votre part. La situation devenant pour lui de plus en plus inconfortable et désagréable, il aurait tenté, à quelques occasions, de changer de place pour s’éloigner, mais sans succès », résume la Commission.

Une fois qu’André Faivre a été appelé par un médecin, le jeune homme a découvert sur l’internet à qui il avait eu affaire. Plus tard, André Faivre a appelé le jeune homme à partir d’une cabine téléphonique, puis lui a laissé des messages pour le revoir. Les messages étaient « directifs », comme s’il n’avait « pas d’autre choix » que de revoir le pédophile. Le jeune homme a alors porté plainte aux policiers.

PHOTO FOURNIE PAR LA SÛRETÉ DU QUÉBEC

André Faivre

Dès lors, les autorités carcérales ont suspendu la libération d’André Faivre, comme il n’avait pas respecté sa condition de révéler toute nouvelle relation.

« Cette situation a été jugée préoccupante, d’autant plus que le jeune homme était en position de vulnérabilité, étant immigrant, sans ressource et à l’urgence. Vos agents ont constaté que les informations relatées aux policiers démontraient divers stratagèmes que vous pouvez mettre en place pour en arriver à vos fins », soutient la CLCC.

Un pendentif, symbole des pédophiles

Dès son arrivée au Centre correctionnel communautaire, en septembre 2022, André Faivre a signalé vouloir reprendre contact avec d’anciens coaccusés de son « club social » de pédophiles. Les intervenants du Centre ont relevé son manque de coopération et ses réactions réfractaires et colériques.

La Commission se montre particulièrement préoccupée par le fait qu’André Faivre a continué de s’afficher avec des articles à l’effigie des loups, un symbole de la pédophilie. Quand on lui a interdit de porter un collier avec un pendentif de loup, il l’a violemment arraché de son cou et l’a lancé sur le bureau en insultant une gestionnaire.

Chez les pédophiles, le loup fait référence au « loup qui cherche la viande fraîche de l’enfant », comme dans le Petit Chaperon rouge. Dans ses écrits sordides, André Faivre utilisait souvent ce terme en décrivant de manière extrêmement détaillée sa relation avec une victime.

André Faivre demeure convaincu que la pédophilie est « acceptable » et doit être reconnu comme une orientation sexuelle.

Dans la décision rendue publique mardi, la CLCC révoque sa libération d’office, mais prévient toutefois que Faivre devra à nouveau être remis en liberté à sa date de libération d’office, laquelle n’est pas précisée. Jusqu’à la fin de sa peine, en 2024, il sera toutefois assigné à résidence sans privilèges de sortie.

En tant que délinquant à contrôler, André Faivre sera ensuite soumis à une surveillance de longue durée pour une période de 10 ans. Pendant la première année, la Commission lui impose également une obligation de rester à résidence en raison de la gravité de sa criminalité.