Un jeune proxénète a été condamné mardi à sept ans de prison pour avoir forcé une adolescente à se prostituer pendant des jours dans un hôtel de Montréal, en août 2019. Son complice, lui, est toujours en attente de la suite de son procès en mars prochain.

Benjamin Dion, qui était âgé de 18 ans au moment des faits et qui en a aujourd’hui 22, devra donc purger encore au moins 5 ans et tout près de deux mois dans un centre de détention, le tribunal ayant retenu une suggestion commune de la couronne et de la défense, mardi au palais de justice de Montréal.

En décembre 2021, dans un témoignage choc qui avait été lu devant la Cour, une adolescente de 17 ans, aujourd’hui adulte, avait raconté avoir vécu un véritable calvaire, deux ans auparavant.

La victime avait relaté avoir été violée à répétition par Benjamin Dion et son complice, Steve Bédard. Visée par un mandat d’arrêt en raison de son refus de témoigner, l’adolescente avait été soumise à une série de sordides sévices sexuels, dont l’usage d’un pistolet. « Steve a offert beaucoup d’argent. Il voulait m’acheter cher, 5000 $, 10 000 $. J’aurais travaillé quand il voulait, comme il voudrait », avait-elle confié aux policiers dans une déclaration vidéo présentée au procès des deux hommes.

Elle s’était notamment retrouvée séquestrée dans un hôtel montréalais, où elle devait se prostituer à répétition. « À l’hôtel, [Steve Bédard] m’a dit : “Tu ne sors pas de là jusqu’à samedi. Tu fais ton shift » », a-t-elle raconté à la police. « C’est une séquestration parce qu’il ne voulait pas me laisser sortir », a-t-elle ajouté dans son témoignage.

Benjamin Dion avait d’abord été remis en liberté suivant ses premières audiences, avant d’être incarcéré après avoir été déclaré coupable par la Cour, il y a plus d’un an. Il était détenu depuis, et a déjà cumulé environ un an et 10 mois de détention. « Moins la détention préventive, il lui reste donc 5 ans, 1 mois et 19 jours à purger », a confirmé mardi l’avocat de la couronne, MAntonio Parapuf.

Suite des procédures en mars

Quant à lui, Steve Bédard était âgé dans le début de la vingtaine au moment des faits. Il doit revenir devant la Cour le 20 mars prochain. Il a fait part de sa volonté de tenir une enquête en inconstitutionnalité de peines minimales. Cela signifie concrètement qu’il souhaite déclarer anticonstitutionnels certains chefs d’accusation pesant contre lui, afin d’obtenir une peine moindre.

Ce sont des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux par les deux hommes, montrant l’adolescente en difficulté, qui ont permis aux forces policières de la délivrer. La victime a finalement été secourue par le groupe tactique d’intervention du SPVM. « Il voulait m’amener à Edmonton », avait-elle notamment rapporté, au sujet de Steve Bédard.

Dans l’hôtel, les policiers avaient arrêté les deux hommes, en plus de saisir des menottes et une fausse arme à feu. Plus tôt pendant le procès, Steve Bédard et Benjamin Dion avaient plaidé coupables à des accusations de possession, production et distribution de pornographie juvénile ainsi qu’à un chef de publicité pour offrir des services sexuels dans le cas de Benjamin Dion.

Avec Louis-Samuel Perron, La Presse