La peine de prison à vie imposée en décembre 2021 à Hensley Jean pour tentative de meurtre contre Samuel Indig – la première pour ce type de crime au Québec – est « appropriée » en raison des « circonstances particulières du dossier », maintient le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).

« Rien dans le jugement entrepris ne permet de dénoter une erreur qui viendrait remettre en cause la peine maximale imposée. […] La peine imposée était appropriée compte tenu des circonstances particulières du dossier, la juge d’instance ayant tenu compte de l’ensemble des objectifs pénologiques pertinents en fonction de la preuve, incluant les perspectives de réhabilitation de l’appelant », martèle l’avocat de la Couronne, MSteve Baribeau, dans une réponse à la demande d’appel d’Hensley Jean.

En décembre 2021, ce dernier avait écopé de la peine maximale pour tentative de meurtre avec arme à feu : la prison à vie. C’était alors la première fois au Québec qu’une telle peine était imposée pour ce chef d’accusation. Jean avait été déclaré admissible à une libération conditionnelle après sept ans de détention.

Deux ans plus tôt, en juin, 2019, le principal intéressé était passé à deux doigts de tuer Samuel Indig, un homme sans histoire qui venait d’emménager avec sa famille dans un quartier paisible de Saint-Eustache. Hensley Jean lui avait alors « lâchement » tiré dans le dos devant chez lui, avant de s’approcher pour l’achever « de sang-froid », alors que la victime était sans défense au sol.

Le pistolet d’Hensley Jean s’était finalement enrayé au moment précis où il tentait d’achever sa cible. Il s’agissait d’ailleurs d’une erreur sur la personne, puisque le tireur visait l’ancien occupant de la maison.

Dans son jugement, la magistrate Hélène Di Salvo avait prononcé un vibrant plaidoyer contre la violence liée aux armes à feu au Québec. « Les crimes par armes à feu sont un fléau, un problème sociétal que les tribunaux doivent dénoncer de manière forte et sans équivoque », avait-elle dit, en martelant que « la sentence doit lancer un message fort aux organisations criminelles ».

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM D’HENSLEY JEAN

« Importante erreur »

Pour l’avocat de la défense, MMaxime Hébert Lafontaine, la juge Di Salvo a toutefois « commis une importante erreur de principe en insistant trop lourdement et d’une façon disproportionnée sur les objectifs de dénonciation et de dissuasion afin de lancer un message clair aux organisations criminelles ».

On reproche aussi à la juge d’avoir fixé la peine « comme si le requérant avait été déclaré coupable de meurtre ». Hensley Jean, de surcroît, « n’avait aucun antécédent en matière d’arme à feu ni gangstérisme » et plusieurs de ses antécédents « étaient éloignés, voire très éloignés, dans le temps », la majorité des infractions ayant été commises « alors qu’il était mineur ».

La Couronne, elle, rétorque que le profil d’Hensley Jean est « celui d’un individu hautement criminalisé ayant une propension marquée pour les armes à feu n’occupant aucun emploi » et qui s’identifie aux gangs de rue « depuis l’âge de 13 ans ». « Au moment de l’attentat, l’appelant était sur le coup de deux ordonnances d’interdiction de posséder des armes à feu 153. Ces éléments viennent appuyer l’analyse que fait la juge », insiste M. Baribeau, en appelant lui aussi à « envoyer un message » clair.

Jean est affilié à un gang de rue de Montréal-Nord d’allégeance rouge, les Goon Squad. La Couronne a aussi rappelé que le jeune homme a été vu sur les réseaux sociaux « exhibant une arme à feu en faisant certains gestes démontrant l’utilité de l’arme, indiquant ainsi la glorification et la banalisation des armes à feu ».

Avec Louis-Samuel Perron, La Presse