La condamnation mardi matin à dix ans d’emprisonnement d’un individu qui a reconnu sa participation à l’homicide involontaire d’un vendeur de drogue violemment battu en juillet 2020 à Montréal a été marquée par des témoignages émouvants des membres de la famille de la victime.

Bardia Gorji a été retrouvé semi-conscient et à demi nu le soir du 25 juillet près d’un bâtiment du boulevard Jean-René Ouimet dans une zone industrielle d’Anjou, dans l’est de l’île de Montréal.

Il avait le visage tuméfié et du sang coulait de ses oreilles.

Dix minutes plus tôt, il venait d’être abandonné à cet endroit par l’accusé Samir Drissi-Atmani et un autre individu, tous deux arrivés avec la victime à bord d’un VUS.

La scène a été captée par une caméra de surveillance et les images ont été récupérées par les enquêteurs des Crimes majeurs du SPVM dans les heures suivantes.

Plus tôt dans la journée, Gorji avait dit à un ami qu’il devait rencontrer un homme dans le secteur Pointe-aux-Trembles dans la journée, qu’il avait peur de cette rencontre et que s’il ne revenait pas dans l’heure suivante, « il fallait conclure que quelque chose lui était arrivé », peut-on lire dans le précis des faits déposé en cour.

Bardia Gorji est mort trois semaines plus tard à l’hôpital, des suites d’un trauma cérébro-crânien sévère. Le jour où il a été battu était la journée de fête de l’un de ses enfants.

« Notre enfant se souviendra de ce jour horrible à chacun de ses anniversaires. Notre autre enfant a peur de sortir et dort avec un couteau sous son matelas », a écrit sa conjointe dans une lettre déposée en cour.

« Ma famille s’est envolée. Vingt ans de couple et il ne reste plus rien. Tout ça pour quelques heures de gloire dont vous ne pourrez même pas profiter ».

« Ces images dans ma tête ne vont jamais disparaître. Voir mon ami d’enfance, mon conjoint, le père de mes enfants, imaginer ses derniers instants, la peur, la souffrance qu’il a dû endurer. Sa vie et les nôtres détruites pour rien », a-t-elle ajouté.

« Je suis vivante seulement de l’extérieur. J’ai un cœur, mais il ne bat plus. Je revois les endroits où nous nous retrouvions et ils ne m’apportent que douleur et larmes », a écrit la mère de la victime.

Circonstances atroces

Selon le précis des faits, Drissi-Atmani a notamment, sur ordre d’un autre individu dont on doit taire l’identité, amené la victime chez lui après le passage à tabac, l’a mis dans son bain, l’a ensuite attaché sur un fauteuil pour ne pas qu’il prenne la fuite, a acheté de l’eau de javel pour effacer les traces du crime et a abandonné M. Gorji dans le quartier industriel d’Anjou.

Quatre jours après le crime, toujours sur ordre du même individu, Drissi-Atmani s’est enfui à Toronto puis en Colombie-Britannique.

Fait à noter, en juin 2021, un agent double de la police s’est déplacé en voiture avec Drissi-Atmani et ils ont visité les lieux pertinents au crime et à l’enquête.

La peine de dix ans imposée par le juge Alexandre Boucher de la Cour supérieure était une suggestion commune de la Poursuite représentée, par MGeneviève Dagenais et de la défense, assurée par MMarie-Hélène Giroux.

En soustrayant la période de temps passée en détention préventive, il reste à Drissi-Atmani, 31 ans, huit années de pénitencier à purger.

Même si le juge Boucher a déclaré « qu’un homme était mort dans des circonstances atroces », il a dit que la peine reflétait aussi le degré d’implication de l’accusé, son profil et ses antécédents criminels mineurs.

« Je regrette chacune des mauvaises décisions prises cette journée-là où j’ai créé un malheur immense à vous et à ceux qui m’aiment, et décevoir tant de gens me hante chaque nuit et journée. Je ne pourrai jamais effacer ce que j’ai fait, mais je le regrette amèrement et je vous demande sincèrement pardon », a écrit Drissi-Atmani, s’adressant aux proches de la victime, dans une note manuscrite également déposée en cour.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.