Un autre membre des Hells Angels s’est fait confisquer sa veste mais pas ses bijoux aux couleurs du groupe de motards, cette semaine, au palais de justice de Montréal.

David Lefebvre, 49 ans, membre influent de la section de Montréal, faisait face à une accusation déposée par procédure sommaire de possession de plus de 1000 comprimés de Cialis.

Les comprimés avaient été retrouvés chez lui dans le cadre d’une enquête baptisée Pacson grâce à laquelle les enquêteurs de l’Escouade nationale de répression du crime organisé (ENRCO), chapeautée par la Sûreté du Québec, ont démantelé des réseaux de trafiquants de drogues liés aux Hells Angels en 2019.

En novembre dernier, Lefebvre avait reconnu la preuve de la poursuite, mais son avocate avait demandé de reporter le débat sur les biens saisis appartenant à son client en raison d’un jugement de la Cour du Québec qui devait être rendu très prochainement et qui aurait une influence sur cet aspect du dossier.

Effectivement, le 7 décembre suivant, la juge Dominique Joly de la Cour du Québec a rendu une décision dans laquelle elle ordonnait la confiscation et la destruction des vestes de quelques motards ayant fait l’objet d’enquêtes, mais pas accusés – un autre projet de l’ENRCO –, parce qu’elles constituaient, a-t-elle statué, un outil de promotion de leurs activités criminelles1.

Mais du même coup, la magistrate a ordonné que les bijoux aux couleurs des Hells Angels soient restitués à leurs propriétaires parce qu’ils sont plutôt utilisés comme objets « de fierté et d’appartenance », et que « l’appartenance à une organisation criminelle n’est pas un crime en soi ».

Dans la foulée de cette décision, la poursuite et la défense dans le dossier de Lefebvre en sont venues à une entente : trois vestes des Hells Angels lui appartenant et des documents du groupe de motards seront confisqués et détruits, alors que des bijoux, des écussons, un drapeau, des documents de son garage, un téléphone cellulaire et une somme de 4325 $ lui seront remis.

Une amende de 500 $ lui a également été imposée.

Soulignons que la poursuite a décidé de ne pas en appeler de la décision de la juge Joly, mais la défense, oui.

De Pointe-Saint-Charles à Salaberry-de-Valleyfield

Les enquêteurs du projet Pacson, qui s’est déroulé de 2017 à 2019, soupçonnaient Lefebvre de contrôler, superviser et collecter des taxes de la vente de drogue dans le sud-ouest de l’île de Montréal, à Vaudreuil et à Salaberry-de-Valleyfield.

Il a fait l’objet de plusieurs filatures, dont au moins une au Casino de Montréal. Durant ces surveillances physiques, il a été observé en compagnie d’autres membres influents des Hells Angels et de leurs clubs-écoles.

Les policiers ont également perquisitionné dans son condo de Sainte-Thérèse et dans au moins l’une de ses entreprises, un commerce de vente et de location de véhicules à Laval.

Même s’ils n’ont à peu près rien trouvé dans les propriétés de Lefebvre, les enquêteurs du projet Pacson ont mis la main sur plus de 20 kilogrammes de cocaïne, plus de 300 000 $ canadiens, 10 armes à feu, des armes prohibées et plus de 3000 comprimés de méthamphétamine durant l’enquête.

David Lefebvre a des antécédents criminels en matière d’usage d’une arme à feu et de possession de drogue dans un but de trafic. Il avait également été condamné à huit ans d’emprisonnement après avoir plaidé coupable à une accusation réduite de complot pour meurtre dans la foulée de l’opération SharQc.

1Lisez l’article « Une juge ordonne la confiscation des vestes, mais pas des bijoux »

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.