Trois Québécois sont détenus depuis une semaine au Pérou après avoir été arrêtés dans une importante opération antidrogue menée par la police d’État péruvienne et initiée par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) au Québec, avec la collaboration de la Drug Enforcement Administration (DEA) des États-Unis.

C’est ce qu’ont annoncé plusieurs médias péruviens depuis lundi, rendant publics des images spectaculaires des arrestations et des détails de l’enquête.

Les trois Québécois sont Francis Toupin-Bergevin, 34 ans, Bô Soleil Morin-Lachance, 27 ans et Frédéric Dewald, 25 ans.

Ils ont été arrêtés le premier février et ne feraient face actuellement à aucune accusation.

Un avocat nous a expliqué qu’au Pérou, dans les dossiers de narcotrafic, les autorités ont jusqu’à 15 jours pour faire comparaître et accuser un individu, ce délai permettant notamment de poursuivre l’enquête.

Toupin-Bergevin a quelques antécédents criminels au Québec. En 2014, lui et cinq autres individus avaient été arrêtés à Laval à la suite de la découverte d’armes à feu, d’un bâton de dynamite et de deux kilogrammes de méthamphétamine. L’un des suspects était Gaetan Coe, considéré par la police comme un homme de main des Hells Angels.

Un site internet présente Bô Soleil Morin-Lachance comme un promoteur d’évènements et le responsable d’une agence de publicité par courriels.

Importations ratées

Selon les médias locaux, la police péruvienne soupçonne les trois Québécois de s’être rendus à Lima à la suite d’importations de cocaïne ratées à destination du Canada, dans le but de rencontrer les individus qui ont exporté la drogue.

On ignore depuis combien de temps les Québécois se trouvaient au Pérou. Durant leur séjour, ils ont séjourné dans un condo d’un quartier riche de la capitale péruvienne et ont visiblement fait l’objet de filatures par la police locale.

CAPTURE D'ÉCRAN TIRÉE D’UNE VIDÉO DE LA POLICE LOCALE

Les trois Québécois ont été photographiés lors d’une filature de la police péruvienne.

Les médias locaux rapportent notamment que durant l’une de ces filatures, le chef présumé du réseau d’importateurs péruviens et l’un des Québécois auraient acheté des caisses destinées à l’exportation de la cocaïne vers le Canada et des tringles à rideaux pour cacher la drogue.

Toujours selon les médias locaux, l’exportation projetée était de 25 kilogrammes de cocaïne.

Selon la police péruvienne, les trois Québécois auraient eu des liens avec un réseau local qui aurait effectué plusieurs importations de cocaïne vers le Canada à des quantités variant entre 15 et 30 kilogrammes.

« Nous croyons que le réseau avait la capacité d’exporter plusieurs centaines de kilogrammes de cocaïne chaque mois. Au total, 164 kilogrammes de cocaïne ont été saisis, dont une soixantaine en sol canadien et le reste par les aurotirés péruviennes, avant les envois au Canada », explique le sergent Charles Poirier de la Division C de la GRC au Québec.

Ce sont d’ailleurs les enquêteurs de l’Unité mixte d’enquête contre le crime organisé (UMÉCO) de la Division C de la GRC qui ont initié l’enquête en juin dernier. Les enquêteurs de l’UMECO se sont rendus à plus d’une reprise au Pérou. L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a également pris part à l’enquête.

Il s’agirait de la première collaboration de la GRC avec la police d’État du Pérou, la Dirandro. Trois autres individus ont été arrêtés au Québec par la GRC, mais leur nom n’a pas été divulgué puisqu’il s’agit d’arrestations en cours d’enquête et qu’ils n’ont pas encore été accusés.

Lorsque les policiers péruviens ont fait irruption dans le condo des Québécois à coup de bélier dans la porte en pleine nuit ou au petit matin, un journaliste et un cameraman suivaient les agents. Ils ont filmé toute la scène et les images meublent un reportage diffusé sur YouTube.

Au total, une dizaine de personnes ont été arrêtées au Pérou dont le chef présumé du réseau, Pedro Armando Oyos Campos, surnommé La Roca, propriétaire d’une école d’autodéfense de Lima qui s’adresserait principalement aux gens fortunés.

Selon les médias péruviens, des exportations de cocaïne vers l’Australie, où cette drogue se vend très cher, étaient envisagées par les suspects et un bureau de change aurait été utilisé par les narcotrafiquants pour laver l’argent sale.

Avec Mathieu Perreault, La Presse

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