Un homme condamné à la prison à perpétuité pour meurtre, qui commanderait des crimes du pénitencier où il est incarcéré, pourrait être l’auteur des tentatives d’extorsion commises l’automne dernier contre Tony Accurso.

C’est, pour le moment du moins, la principale hypothèse des enquêteurs des Crimes majeurs de la Sûreté du Québec (SQ) qui enquêtent sur les menaces dont a été victime l’homme d’affaires, ont confié des sources à La Presse.

Les policiers soupçonnent également le même individu, et des complices qui seraient en liberté, d’être à l’origine d’une vague d’incendies criminels qui frappe des restaurants et des cafés libanais de Montréal et de Laval depuis l’an dernier et dont le mobile serait l’extorsion en échange d’une protection.

Les enquêteurs relieraient également le même groupe de suspects à des menaces dont a été victime au moins un criminaliste de la région de Montréal.

Les mêmes enquêteurs des Crimes majeurs de la SQ, en collaboration avec leurs collègues de la Régie de police du Lac des Deux-Montagnes, enquêtent aussi maintenant sur les méfaits dont ont été victimes les autres membres de la famille Accurso l’an dernier, mais ils considèrent encore ces crimes et les tentatives d’extorsion contre l’homme d’affaires comme deux dossiers distincts dont le ou les commanditaires et auteurs ne sont pas nécessairement les mêmes.

Des appels de Donnacona

En novembre dernier, les policiers de Deux-Montagnes, qui portaient une attention particulière au secteur où habitent les membres de la famille Accurso, ont arrêté quatre jeunes à bord d’une voiture. Dans le véhicule, ils ont découvert des engins incendiaires et ils ont établi que cette fois-ci, c’était la résidence personnelle de Tony Accurso, et non celle de l’un de ses enfants, qui était visée.

Des sources ont confié à La Presse que durant les jours précédents ou les semaines précédentes, et par la suite, l’homme d’affaires a reçu plusieurs messages textes et appels qui semblaient provenir d’un numéro de téléphone de la région de Donnacona, dont l’auteur aurait exigé une somme de plus de 100 000 $ en précisant que même la mafia et les motards ne pouvaient l’empêcher d’agir.

Après avoir reçu ces menaces, M. Accurso a porté plainte à la Régie de police du Lac des Deux-Montagnes qui a ensuite transféré le dossier à la Sûreté du Québec.

D’après nos informations, des enquêteurs de la SQ se sont déplacés dans un pénitencier pour rencontrer le suspect numéro un de ces menaces, mais ils ont essuyé une fin de non-recevoir.

L’enquête se poursuit, mais selon nos renseignements, les tentatives d’extorsion contre l’homme d’affaires auraient cessé depuis le début du mois de décembre.

La police croit que le même groupe d’individus serait derrière des incendies criminels – et parfois des coups de feu – qui ont visé au moins une dizaine de restaurants et bars libanais de Montréal et de Laval depuis le printemps dernier.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

La police soupçonne que les cocktails Molotov lancés sur le restaurant Nuits de Beyrouth en novembre dernier à Laval seraient l’œuvre du même groupe d’individus.

D’après nos informations, le but de ces méfaits serait de faire pression sur les propriétaires des établissements pour qu’ils acceptent une protection de quelques milliers de dollars mensuellement ou pour les forcer à verser aux suspects une ristourne sur la vente de chicha.

Le ou les commanditaires de ces incendies criminels n’ont pas encore été arrêtés.

Quant aux enfants de Tony Accurso, à partir de juillet dernier, leurs véhicules et résidences ont été les cibles d’incendies criminels et même de coups de feu.

Les évènements les plus récents sont survenus dans la nuit du 14 au 15 décembre derniers, alors que deux entreprises liées au conjoint de la fille de Tony Accurso, à Laval et à Saint-Jean-sur-Richelieu, ont été endommagées par des incendies criminels.

La principale théorie avancée par la Régie de police du Lac des Deux-Montagnes l’automne dernier était un conflit commercial entre membres de la famille Accurso, mais l’enquête se poursuit.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.