(Whitecap) Les survivants d’un pensionnat qui a accueilli des petits Métis dans le nord de la Saskatchewan ont demandé l’autorisation au tribunal d’intenter une action collective contre les gouvernements fédéral et provincial.

Le pensionnat fédéral de l’Île-à-la-Crosse avait ouvert ses portes dans les années 1820 et il a fonctionné pendant plus de 100 ans dans ce village du nord de la Saskatchewan. Il a brûlé dans les années 1970.

« Tout ce que nous voulions, c’était d’être traités équitablement en tant que survivants », a déclaré Louis Gardiner, qui a commencé à fréquenter le pensionnat à l’âge de cinq ans.

M. Gardiner a affirmé mardi en conférence de presse qu’au pensionnat, il était identifié par un numéro, pas par son nom. Il a souligné que les survivants disent avoir subi des abus dans cet établissement fédéral, et qu’ils y ont été dépossédés de leur culture et de leur langue. « Si on nous surprenait à parler notre langue, c’était la “strap”. »

Les survivants du pensionnat de l’Île-à-la-Crosse ne faisaient pas partie de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens, mise en œuvre en 2007, parce qu’il a été déterminé que cet établissement n’était pas admissible.

Un protocole d’entente avait été signé avec Ottawa en 2019, mais le groupe de survivants de l’Île-à-la-Crosse affirme que les discussions n’ont pas abouti par la suite.

Les survivants expliquent qu’ils veulent maintenant poursuivre les gouvernements pour le rôle qu’ils ont joué dans le fonctionnement du pensionnat et pour avoir enfreint les obligations légales qui exigeaient d’eux de prendre soin des enfants.

Des survivants meurent chaque année

Le maire de l’Île-à-la-Crosse, Duane Favel, a mentionné que le pensionnat avait causé le même traumatisme intergénérationnel que les autres pensionnats au pays. Le temps presse, a-t-il dit, car au moins 20 survivants sont morts l’année dernière.

« C’est désolant de savoir que nous luttons toujours pour être reconnus comme un pensionnat pour Métis », a déploré M. Favel.

L’Île-à-la-Crosse est une communauté métisse et les gens parlaient en grande partie le cri et le michif. Des enfants des communautés voisines ont également été envoyés à ce pensionnat.

La vice-présidente de la Nation métisse de la Saskatchewan, Michelle LeClair, espère que cette requête pour intenter une action collective amènera les deux ordres de gouvernement à la table pour trouver une solution. « Le mal est énorme », a-t-elle dit.

Le tribunal doit d’abord autoriser l’action collective pour qu’elle procède. Aucune défense n’a encore été déposée par les gouvernements, et Ottawa n’a pas immédiatement fourni de commentaires, mardi.

Le gouvernement provincial a indiqué dans un courriel qu’il ne voulait pas commenter pour le moment, puisque le dossier est actuellement devant les tribunaux.